Calendrier de travail
Cinquième jour de bombardement à Comines La pluie tombe sans répit, le froid s’installe dans les rues de Comines. Les nuits restent jusqu’ici épargnées par les obus, mais le jour, la menace demeure. Les maisons ouvrières portent encore les cicatrices des derniers tirs. Ce matin, la corderie Delvoye est frappée, et des projectiles tombent près de l’hôpital. Les quartiers populaires, une fois de plus, subissent le feu allié. Hôpital de Comines France – Fonds SHCWR Dans la ville, les Allemands démontent des baraquements pour les envoyer plus à l’arrière. Le 1er bataillon du 18e, logé à l’usine Gallant, quitte Comines…
Comme hier Dans la matinée, Comines – France est de nouveau la cible d’un bombardement. Des obus s’abattent en divers points de la ville : l’un éclate près du cabaret Le retour du chasseur, sur la route de Sainte-Marguerite, d’autres atteignent l’hôpital et la ferme Grave, du côté français. Saint Marguerite Comines France – Fonds SHCWR À Roncq, un avion allié parvient à descendre deux appareils ennemis. Très tôt déjà, plusieurs aéroplanes ont survolé la région, essuyant un feu nourri ; un combat aérien s’engage même au-dessus de nos têtes. Le reste de la journée se déroule dans un calme…
Courbaturés d’y avoir passé la nuit entière Vers cinq heures du matin, certains habitants osent enfin sortir des caves. Courbaturés d’y avoir passé la nuit entière, ils regagnent pour quelques heures leur lit. Dans la journée, chacun s’emploie à améliorer les abris souterrains afin de pouvoir y loger en permanence, car les soldats, réquisitionnés pour le service de jour et de nuit lié au travail des limonades, doivent y rester. L’activité de l’usine diminue toutefois depuis le départ des troupes ; on ne voit plus ces files interminables de chariots s’étendant jusqu’au bout de la rue. Les civils racontent même…
Navires au large de Zeebruges On dort toujours dans les caves, même si l’inconfort reste grand. Pourtant, la fatigue aidant, le sommeil vient plus facilement, et les soldats font moins de bruit. On ose même sortir un peu. Les autorités rappellent pourtant la prudence : ne pas sortir sans nécessité, repérer les maisons où flottent des drapeaux signalant la présence de caves sûres, garder dans chaque cave un seau d’eau et des linges mouillés pour parer aux incendies. Un calme étrange plane. On pressent que de grands événements se préparent. Pas un coup de canon ce jour, seulement une fusillade…
Fête du Roi de Bavière La journée est calme et le temps est superbe, mais personne n’ose profiter du soleil ni s’aventurer jusqu’au canal. La nuit, en revanche, de fortes fusillades éclatent. Du côté de la brasserie, on dort encore dans la cave, les soldats y restant aussi. Dans la journée, le secrétaire Vanneste vient, envoyé par le bourgmestre, pour demander si ils ont une cave disponible pour les civils. L’inspecteur précise : la cave de la maison est réservée aux soldats, la cave aux vins pour le habitants de la brasserie, la cave de la brasserie pour les ouvriers…
Les cloches sonnent Quelques fortes détonations secouent la nuit.Dans l’obscurité passe le 25ᵉ, venant du Mai-Cornet, avec ses chariots et sa musique. On réserve des quartiers rue de Warneton pour de l’artillerie. Vers dix heures du matin, une explosion retentit près du cimetière : un magasin de poudre vient de sauter. Au-dessus du centre de Comines (Belgique), un combat d’aéroplanes éclate. Des balles tombent sur la ville. La caste médicale militaire, fidèle à ses principes de « haute culture », prend peur des obus qui frappent Comines. Dans la nuit, elle emmène ses deux cents blessés, sans un mot de…
Canons à Ypres Le temps reste magnifique et de nombreux avions passent dans le ciel, parfois engagés dans des combats.Dehaene et Verschoore partent à Bruxelles chercher du ravitaillement, car par Gand cela n’est plus possible. Les soldats quittent peu à peu la cave de la brasserie Dumortier : il n’y reste que deux paillasses. Les habitants en profitent pour réoccuper leurs chambres. Dans les caves, on élargit le soupirail et on enlève le grillage, pour avoir une seconde sortie en cas de bombardement. On entend de violentes canonnades du côté d’Ypres. photograph (Q 28947) View down the Rue de Lille…
Defaite allemande dans le golfe de Riga Peu à peu, la vie reprend timidement. Les habitants osent à nouveau sortir, faire quelques pas le long du canal ou traverser les prairies. Dans les villes voisines, pourtant, on croit Comines anéanti. À Lille, on affirme que « Comines-Belgique est repris, Comines-France détruit et le maire tué par un obus ». À Courtrai, la rumeur court qu’« il y a trois cents Cominois tués, le curé et le bourgmestre prisonniers ». On mesure là combien l’écho des événements se déforme, car en réalité, malgré les destructions matérielles, seules quelques personnes ont été…
Hindenburg se fait une réputation Les nuits sont calmes, presque étrangement. Quelques coups de fusil éclatent de temps à autre, mais l’artillerie reste silencieuse. À Houthem pourtant, la guerre frappe cruellement : un obus tombe au moment où un homme et une femme tentent de se réfugier dans une cave. Tous deux sont tués sur le coup. À Comines, la vie quotidienne continue tant bien que mal. L’inspecteur du bureau partage ses repas chez Beaumont, en compagnie du second officier qui y loge depuis le départ de l’intendance. Hier soir, on y a donné un concert avec chants et monologues,…
De Linselles à Messines On parle du retour de l’état-major et de sa suite.Monsieur Delbove se rend, accompagné d’un soldat, à la Cortewilde pour l’enterrement des deux civils tués. Une trentaine de personnes, encadrées par des soldats, suivent les cercueils jusqu’à l’église d’Houthem, où un petit service se tient. Le spectacle est navrant : le pays n’est plus qu’un champ de ruines, les maisons sont effondrées et l’église se dresse à ciel ouvert. Houthem – Fonds SHCWR Hier, quarante ouvriers de Comines-France sont réquisitionnés pour décharger de nuit, à Houthem, des wagons de macadam. Ils refusent de s’y rendre et,…
Description de la ville de Menin Le « Café de la Paix » disparaît. Chaque soir, quelques habitués s’y retrouvaient pour descendre en Belgique, boire un verre et jouer aux cartes. Désormais, c’est « À la Fontaine », le plus grand cabaret civil, qui attire Belges et Français. Chez Lepoutre-Cailloux aussi, c’est un beau groupe de civils français qui s’y réunissent. Café de la Paix Comines France – Fonds SHCWR À Comines France, les jeunes gens réquisitionnés pour les travaux forcés sont rentrés hier soir à 23 h 30. On les a envoyés décharger du gravier et du sable à…
50 coups par minute. Dans la première partie de la nuit, de fortes fusillades éclatent, accompagnées de vives lueurs. Vers trois heures du matin, et pendant une heure et demie, les canons grondent comme aux plus forts jours. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 53130) 4. 7-inch gun (with caterpillar wheels) in position at Dickebusch, spring 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205286648 À 4 h 10, à Comines, on entend au loin le roulement des canons alliés : cinquante coups par minute. Les Allemands répliquent par séries de quatre coups. Puis, brusquement, tout cesse. Au…
6000 dans la journée. Les canonnades de la nuit, accompagnées de vives lueurs, reprennent de plus belle ; à tout instant le ciel s’illumine. Près d’Ypres, les soldats anglais affirment tirer six mille obus dans la journée. Ils renforcent aussi les contrôles d’identité en de nombreux endroits, tant dans la ville même que sur les chemins qui y mènent. Ce sont des Policemen qui se chargent de ces opérations. On annonce l’interdiction prochaine du change d’argent, car les abus se multiplient. Les marks deviennent introuvables et la vie renchérit du fait que partout, seul le mark compte pour s’approvisionner. Les…
Les deux tiers des fruits.. On procède au recensement des chevaux, mulets et ânes : chacun sera marqué de la lettre Z. Dimanche, le mulet de la brasserie Dumortier doit être présenté afin qu’on lui brûle cette marque à la cuisse. ANIMALS DURING THE FIRST WORLD WAR (Q 32504) Italians unloading a mule from a ship at Salonika. The mule is hoisted down in a sling. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205212920 La mémoire des soldats tombés est largement honorée, mais il ne faut pas oublier que la guerre est aussi une tragédie pour les bêtes, victimes silencieuses et sans…
Les Allemands deviennent de plus en plus curieux. Quelques coups de canon et de fusil résonnent encore. Une nouvelle affiche ordonne à chacun de déclarer ses fruits, sous peine d’une amende de vingt francs par dix kilos découverts en fraude. Les habitants, pour éviter la sanction, se hâtent de distribuer ce qu’ils ont à leurs voisins. Dans bien des jardins, il ne reste presque plus rien : les récoltes de juillet ont déjà été pillées et le peu qui subsistait a été cueilli pour la cuisson. Ce sont surtout les civils, plus encore que les soldats, qui se sont chargés…
Un bain de mer a réjoui la troupe. Le beau biplan Voisin, familier du ciel cominois et cher aux habitants pour l’audace de ses pilotes, ne vient plus réconforter la ville. Hier, après un vol superbe, il s’est abattu en spirale, semble-t-il du côté de Zandvoorde. On dit que les deux aviateurs sont morts dans l’accident. THE FRENCH AIR FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1918 (Q 67018) A French Voisin biplane fitted with a 47 mm Hotchkiss gun at the Savy-Berlette aerodrome, 24 February 1916. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205218716 À Comines, chacun s’affaire autour des fruits. Pour échapper…
Ypres, totalement inhabitable. Le correspondant néerlandais du Telegraaf décrit Ypres comme une ville morte après son passage. À Poperinghe, il note que les habitants du centre ont fui. Ceux des quartiers périphériques restent encore, mais vivent sur le qui-vive, toujours prêts à se réfugier dans les bois voisins au moindre danger. Sur la route vers Ypres, le silence domine. À Vlamertinghe, aucune trace de vie, sinon quelques fermiers obstinés qui refusent d’abandonner leurs terres. Leurs enfants, eux, ont déjà été envoyés en colonies scolaires en France. photograph (Q 28998) Grande Place, Poperinghe, October, 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205268948…
Réquisition des fruits Les Allemands continuent de réquisitionner les fruits. La pluie s’installe dans la région et transforme les tranchées en rivières de boue. Dans les conversations, on reparle d’éventuelles négociations de paix, mais rien de concret ne vient apaiser les esprits. Un nouvel ordre est publié : les civils doivent ouvrir leur maison au premier coup de sonnette, dès lors qu’un gendarme ou un militaire, porteur d’un billet de la Kommandantur, se présente à leur porte. Bientôt, ce sont aussi les cuivres qui seront réquisitionnés. Soldats allemands – Fonds SHCWR Pendant ce temps, 93 enfants des environs de Dickebusch…
Jeanne 16 ans tuée Vers 17 h 15, Comines-Belgique est de nouveau la cible d’un bombardement. Plusieurs civils sont blessés. Une jeune fille de seize ans, Jeanne Delbecque, est tuée devant sa porte, au n° 169 de la rue de Wervicq. Fille d’Alexandre Delbecque et de Marie Deconinck, elle était sortie regarder dehors. Le soldat de garde près du travers du chemin de fer l’avait avertie de rentrer, mais elle n’eut pas le temps d’obéir. Un éclat d’obus l’atteignit et la tua sur le coup. Dans la zone non occupée, les habitudes de ravitaillement des commerces belges sont bouleversées. Ce…
Deux civils tués. Il fait un temps superbe. Depuis quelques jours, les avions reviennent profiter du ciel clair, mais ils attirent aussitôt une pluie de tirs ennemis. Dans l’après-midi, vers 16 h 30, un obus, parti sans le grondement habituel, siffle dans l’air et éclate presque aussitôt près du pont du chemin de fer. La stupeur est générale. À partir de ce moment, et à intervalles de cinq à quinze minutes, les obus tombent sans relâche dans les environs : une douzaine, peut-être quinze. C’est la Belgique qui est visée cette fois-ci. On se réfugie dans les caves tandis que…
Obus au Godshuis Dès le matin, une foule se presse dans les rues pour constater les dégâts laissés par les obus de la veille. À Comines-Belgique, de petits drapeaux rouges sont désormais plantés devant chaque cave afin d’indiquer les lieux où l’on peut trouver refuge lors des bombardements. Au passage à niveau, à l’extrémité de la rue de Wervicq, sept obus ont éclaté, broyant les rails en mille morceaux. On dénombre neuf civils blessés et une victime mortelle. Pourtant, dès midi, les rails sont déjà remis en état. Rue Masson – aujourd’hui rue de la Victoire –, un obus a…
Attaque alliée depuis les airs de grande envergure. La nuit se déroule dans un calme rare. Au matin, les soldats s’occupent de leurs petits jardinets qui entourent les baraquements. Dans le sentier de Ten-Brielen comme dans la rue de la Paix, on admire de véritables décors champêtres : kiosques improvisés, bancs rustiques, cabanes de planches, le tout entouré de barrières faites à la main. Des conduites en ciment, ouvertes dans le sol, permettent l’écoulement des eaux autour de ces habitations de fortune. Ici et là, de petites cantines accueillent soldats et passants, avec tables et abris de fortune. Chaque jour,…
Combats dans les airs…. Le temps est radieux et, dès le matin, le ciel s’anime. Les avions se croisent au-dessus de la région et les Alliés tirent sans relâche sur les appareils allemands. Dans les rues, les comportements changent. On le répète souvent : les mœurs se relâchent. Une chanson circule déjà sur ce sujet, preuve que la guerre engendre des attitudes singulières, une manière de vivre « à part », comme détachée du quotidien d’autrefois. Pendant ce temps, ailleurs, les échos du monde rappellent l’ampleur du drame. La marine française a sauvé près de 4.000 Arméniens réfugiés sur le…
Une ballade à Ostende. Beaucoup de lueurs apparaissent la nuit vers Gheluvelt, accompagnées d’une fusillade ; des projecteurs fouillent le ciel du côté de Hollebeke. Malgré le beau temps dont nous ne pouvons guère profiter, les esprits se troublent et le découragement gagne beaucoup de monde. Grâce à Dieu, nous restons un peu philosophes, et, un jour après l’autre, nous espérons sortir de là. De nouvelles affiches paraissent : Tout propriétaire de plus de 10 kg de fruits non déclarés s’expose à une amende de 20 francs ; Il est défendu de récolter fruits et pommes de terre ; Il…
Départ vers Messines et arrivée à 20 h. La nuit, comme souvent, grondent le canon et la fusillade. Le temps est beau. Georg Lill part en direction de Messines et y arrive à 20 heures. Des habitants de Ten Brielen passent par Comines. Ils racontent que les Anglais ont occupé leur village deux jours, du 17 au 19 octobre 1914, et qu’un grand nombre d’hommes sont repartis avec eux. Vue aérienne de Ten Brielen – Fonds SHCWR Le bourgmestre est convoqué chez le commandant. Dans d’autres villes, on impose aux habitants de financer l’installation des eaux d’Halluin ; ici, il…
Les Allemands bétonnent dans tout Comines. La nuit, la fusillade crépite avec force. Vers 5 heures, de gros canons passent en deux pièces en direction de Wervicq ; vers 8 heures, l’un d’eux repasse. Les civils continuent, au chant de l’« Internationale », à aller travailler à Houthem ; ils partent le matin, passent à nouveau le soir vers 19 heures et ne reviennent que dans la nuit. Au Godshuis, des ouvriers refusent de travailler. Le commandant réagit par des mesures sévères : désormais, celui qui refuse sera privé, ainsi que sa famille, de tout secours de la Ville ;…
Troisième bataille de l’Artois La nuit ressemble à la précédente : des lueurs très vives zèbrent le ciel, pareilles à un orage violent. Un aéro, monté par un Anglais et un Courtraisien, chargé paraît-il du service des lettres, connaît une panne et doit atterrir près de Waregem. BRITISH AIRCRAFT OF THE FIRST WORLD WAR 1914-1918 Image: IWM (Q 67489) – IWM Non Commercial License On ne délivre plus de passeports pour Courtrai, et ce jusqu’à nouvel ordre. Paul Crombez, surpris avec de l’alcool chez lui, sort enfin de prison après dix-huit nuits passées sur une planche, nourri seulement de pain…
La troupe allemande se lasse de la guerre Il fait beau. Georg Lill rentre à Comines. Les rations diminuent encore. Dans les campagnes, on ramasse les poires partout : garde civil et soldats passent avec des charrettes à pain pour les emporter. Au sein de la troupe, le ras-le-bol est général, malgré les discours qui exhortent à poursuivre vaillamment la guerre. HE GERMAN ARMY ON THE WESTERN FRONT, 1914-1918 (Q 53777) German troops cleaning themsleves in wooden bathtubs, somewhere on the Western Front, 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205025819 On affiche en ville que tout commerçant doit accepter aussi…
Des russes en nombre à Comines. Il fait un temps superbe. Dès le matin, on entend un roulement de canon dans la direction d’Arras. On enlève les légumes du jardin pour les mettre à l’abri, car chaque jour il en disparaît. Le soir, le long du canal, un combat d’aéros éclate : ils se mitraillent en plein ciel, puis, une fois éloignés, les tirs de la terre reprennent contre eux. Trois ballons captifs se distinguent nettement au-dessus du canal, et d’autres encore du côté de Wervicq. THE GERMAN ARMY ON THE WESTERN FRONT, 1914-1918 (Q 53003) Unidentified German officer fitting…
Trop de trafic dans la rue d’Hurlupin. Le roulement du canon se fait entendre de plus en plus. Le ciel se remplit d’aéros, ils passent nombreux aujourd’hui. Avec la chaleur, la consommation de bière repart de plus belle, et ce jour on brasse activement. À l’estaminet « À l’Arrivée des Bateliers », la cabaretière est condamnée à cent francs pour avoir servi de la bière aux civils. L’établissement ferme. Paul Leterme, au cabaret « Au Sentier », prend aussitôt la relève comme cabaret militaire. Chaque soir, les soldats s’amusent jusque tard dans les greniers de la brasserie. Ils chantent, crient,…
Un Officier canadien décrit la région Le canon roule de plus belle, grondant vers la direction d’Armentières, Lille ou La Bassée, pensent certains. D’autres assurent que le feu se rapproche davantage. À la brasserie, les affaires tournent : quarante marks par brassin. Quinze brassins ce mois, ce qui équivaut à sept cent cinquante francs en bons de Roubaix-Tourcoing. Au cimetière de Comines France, les tombes allemandes sont nombreuses et parfaitement entretenues. Les quelques tombes anglaises le sont aussi, avec le même soin. Pendant ce temps, Herbert McBride arrive avec ses hommes en soutien de l’armée anglaise. Il installe sa compagnie…
Les évacuations se poursuivent côté anglais Le canon roule de plus belle, toujours dans la même direction, vers Ypres et Gheluvelt. La nuit, on aperçoit encore les lueurs des tirs, et parfois le crépitement d’une fusillade perce le silence. Entre Ypres et Dickebus, les civils sont évacués sous la conduite du Commissaire d’arrondissement Biebuyck et du Lieutenant Celse. La raison officielle demeure obscure. Le vicaire de Dickebus affirme quant à lui que cette région serait peuplée de femmes frivoles, accusées de propager des maladies parmi la troupe anglaise. Selon lui, mieux valait déraciner le mal à la source. Le village…
Un abri de béton près de la sacristie Le temps est maussade, la pluie tombe sans discontinuer. Des rumeurs circulent, évoquant des mutineries parmi les troupes allemandes. Pendant ce temps, la canonnade anglaise et française est incessante, assourdissante. Leur objectif est clair : rendre les tranchées impraticables et détruire les chevaux de frise. Près de la sacristie, les Allemands entament des travaux pour aménager une cave en béton, destinée à servir d’abri. Le canon tonne sans relâche. D’après certains soldats, c’est du côté d’Arras que la situation tournerait très mal. Une partie des pionniers quitte Comines, tandis que, dans l’après-midi,…
6000 projectiles. Le canon gronde de plus belle et le bruit s’est nettement rapproché. Chacun s’interroge : que va-t-il se passer ? Plus de six mille projectiles tombent dans notre secteur, dont près d’un tiers n’atteint pas sa cible. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 53120) 4. 7 inch gun position near Neuve Eglise, January 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205286638 La nouvelle du décès de Monsieur Debacker se répand. Il succombe aux suites de sa blessure d’obus, après d’atroces souffrances. Henry Dumortier donne vingt-cinq francs pour ses funérailles, tandis que les soldats cantonnés à…
Attaque aux gaz par les Alliés. Le canon tonne toujours vers l’ouest. Dans la journée, il marque une courte pause avant de reprendre, vers quinze heures, avec une violence accrue. Beaucoup pensent que c’est du côté de Pérenchies que se joue l’action. Pendant ce temps, le ravitaillement devient chaque jour plus difficile : il n’y a presque plus de viande, les œufs sont introuvables, et comme nul ne peut se rendre à Courtrai, les marchandises se raréfient dangereusement. Les Alliés déclenchent une attaque aux gaz. L’artillerie allemande réplique aussitôt et l’infanterie est lancée à son tour. L’assaut échoue dans notre…
La « spécial brigade » au travail. Le réveil est brutal, à quatre heures du matin. Le canon roule sans interruption du côté de Gheluvelt. Le ciel, malgré la nuit claire, est en feu. Jamais on n’a vu lueurs aussi vives, canonnade aussi proche et aussi nourrie. Les maisons tremblent, il est impossible de dormir. À cinq heures trente précises, quatre cents groupes anglais lâchent simultanément leurs gaz. Tout est minuté à la seconde près, synchronisé par chronomètres. L’artillerie allemande réplique aussitôt, mais ses tirs sont inefficaces dans ce brouillard toxique. Conformément aux ordres inscrits dans leur diary, les hommes de la…
Bombardement toute la matinée À quatre heures trente, les habitants sont tirés de leur sommeil par une pluie d’obus qui s’abat sur Comines-France. Ils se suivent sans répit, sifflant dans l’air avant d’exploser. Trente-six projectiles tombent en une heure et quart, certains frappant même du côté belge, près du canal. Avant-postes allemands sur le canal… – Fonds SHCWR Malgré le danger, l’adoration du Très Saint Sacrement a lieu comme prévu. Il faut se rendre à la chapelle sous les obus, un mélange d’habitude et d’inconscience : à cette époque, on n’imagine pas encore qu’un éclat peut tuer à plus d’un…
Offensive allemande à Arras et en Champagne. À Comines, les autorités imposent une nouvelle mesure : chaque habitant doit déclarer ses poules et ses lapins, sous peine d’amende. Une contrainte de plus qui pèse sur un quotidien déjà bien éprouvé. La veille, vers vingt-deux heures trente, une violente attaque s’est déclenchée du côté de Gheluvelt. Les canons ont tonné jusqu’à minuit avant de céder la place à une fusillade nourrie. Le fracas résonnait jusque dans les caves où la population cherchait refuge. Le commandant ordonne une enquête afin de vérifier si les caves disponibles suffisent à abriter les civils en…
10.000 prisonniers alliés. La pluie diluvienne tombée la veille a transformé la région en un véritable bourbier, rendant la plupart des routes impraticables. Malgré ce temps obscur, un grand nombre d’aéros sillonnent le ciel, volant à basse altitude, comme pour mieux observer ce qui se trame au sol. Le canon, qui grondait jusque vers Lille, s’est tu dans cette direction, ne tonnant plus qu’autour d’Ypres et de Gheluvelt. L’accalmie intrigue, car elle pourrait bien annoncer une nouvelle offensive. À Comines, une nouvelle affiche exige que poules, poulets et coqs soient déclarés avant le 30. La réquisition s’étend à tout ce…
Les rats envahissent les tranchées Les nuits sont toujours plus agitées que les jours. Depuis dimanche, chacun redoute les obus qui peuvent s’abattre à tout instant. Les civils affectés au service de nuit arrivent à 17 heures. Mais à partir de 19 h 30, ils cessent leur travail, prennent leur repas puis s’endorment dans la brasserie jusqu’au départ du lendemain à 5 heures. Pour ce service, la Ville leur verse trois francs par nuit. Le débit de limonades diminue fortement : les chariots militaires ne viennent presque plus et, le matin, seuls quelques cabaretiers continuent à en chercher. Depuis que…
Nombreuses victimes allemandes. Toute la nuit, le bombardement allemand se poursuit. La population ne ferme pas l’œil, car, par moments, les Alliés répliquent et des obus tombent tout près de la ville. Le jour venu, le calme relatif revient. À Comines, les tirs contre les aéroplanes sont innombrables. Les éclats pleuvent de toutes parts. On parle de deux avions abattus du côté français : l’un derrière l’usine Gallant, l’autre près de l’abattoir. Un avion français est également touché et s’écrase non loin de la ligne de chemin de fer. photograph (Q 45566) Divisional Battle Headquarters: Zandvoorde. Copyright: © IWM. Original…
L’offensive alliée a pu être arrêtée.. Toute la nuit, une violente fusillade éclate, mais la fatigue est telle que la population finit par trouver le sommeil. Quelques obus venant d’Armentières tombent du côté de Ten-Brielen. La journée s’écoule dans le calme, et la soirée aussi. À la gare, les habitants reçoivent l’ordre de ne plus laisser filtrer la moindre lumière le soir et la nuit. Sur le front, l’offensive alliée s’essouffle. Les Allemands font exploser une mine à cinq cents mètres au sud de la route Menin-Ypres, ensevelissant deux compagnies anglaises en première ligne. La pluie cesse enfin, et dans…
Les Allemands s’attendent à une attaque alliée dans le saillant d’Ypres Le froid s’installe, mordant. Le gel blanchit les toits et les champs. La nuit a été calme, sous un ciel clair, mais dès l’aube les aéroplanes apparaissent déjà dans le ciel. Hier encore, un obus est tombé tout près de la gendarmerie de Comines-France. À midi, un bataillon de jeunes recrues descend du train et prend la direction du front en France. Peu après, quatre ou cinq obus s’abattent sur Comines-Belgique, entre la gare et les Cinq-Chemins. La presse allemande se fait discrète : la Kölnische Zeitung ne mentionne…
Mouvements importants de troupes La nuit s’est déroulée dans le calme, glaciale mais sereine sous un ciel clair. À Comines-France, pourtant, d’importants mouvements de troupes se sont fait entendre dans l’obscurité. Soldats allemands – Fonds SHCWR Ce jour, tout est d’un calme pesant à Comines, et les habitants savent que ce silence n’annonce rien de bon. On murmure déjà qu’un rationnement des pommes de terre est sur le point d’être instauré. Un visiteur arrivé de Tourcoing répand l’inquiétude : selon lui, « la grande musique » résonnera dès demain. Il raconte aussi avoir aperçu un nouveau type d’avion allemand survolant…
Encore un anniversaire Voilà un an jour pour jour que les premières troupes allemandes franchissaient les rues de Comines.Henry Dumortier s’en souvient encore avec netteté : il se trouvait alors à Ypres et dut rentrer à pied — une journée qu’il n’oubliera jamais. Douze mois se sont écoulés, et pourtant comme le temps paraît interminable ! Quand donc viendra la fin de nos peines ?À la même époque l’an dernier, nul ne pouvait imaginer la situation dans laquelle nous vivrions aujourd’hui. L’espoir a tenu longtemps, nous laissant croire que les maux de la guerre trouveraient rapidement leur terme. Mais peu…
Explosion pas loin du cimetière Les chevaux-légers du 5e régiment, dont fait partie l’ancien commandant de place, quittent aujourd’hui Comines pour l’Allemagne, dit-on. La nuit dernière, une vive alarme a tiré tout le 17e de son sommeil : les hommes ont été rassemblés, harangués, puis envoyés vers Wytschaete en chantant. De fortes lueurs illuminaient l’horizon, mais le canon, lui, s’est montré étonnamment discret. Soldat allemand à un carrefour de Wytschaete – Fonds SHCWR Peu après, une violente explosion retentit près du canal : un dépôt de poudre venait de sauter. On crut d’abord qu’il s’agissait d’obus, et déjà la population…
Lourdes pertes des alliés Toujours, la nuit, les lueurs rouges et blanches déchirent l’horizon. Le canon gronde au loin, comme un souffle qui ne s’éteint jamais. Hier soir, à l’estaminet À la Brasserie, une violente dispute éclate entre soldats. Le ton monte, puis les coups pleuvent. Le sang a coulé en abondance avant que le calme ne revienne péniblement. À Comines-France, quelques renforts sont arrivés. Dans la journée, une cave servant d’atelier de manutention et de dépôt de munitions a explosé au Godhuis à Comines Belgique. L’accès au lieu est désormais interdit. Godhuis et soldats allemands – Fonds SHCWR Le…
L’offensive française se poursuit Un peu plus de fusillade durant la nuit. Vers dix heures et demie du matin, un obus passe en sifflant au-dessus de la ville, mais sans éclater. Les civils comme les soldats s’acharnent sur les marronniers, abattant les branches à coups de bâtons et de briques pour ramasser les fruits. Les arbres du jardin en souffrent, mais que faire ? À la brasserie Dumortier, le travail manque : l’équipe de nuit dort presque toute la nuit, et celle du jour en est réduite à balayer la cour pour tromper l’ennui. Les soldats et les civils continuent…
Offensive anglaise à La Bassée Beaucoup de lueurs encore dans la nuit ; les projecteurs balaient le ciel au-dessus de la ville, traçant dans l’obscurité des faisceaux de lumière presque irréels.Avec Charles Leclercq, Henry Dumoirtier s’arrange pour abattre quelques marronniers. Le caporal lui l’interdit à trois reprises et finit par le conduire à l’inspecteur. Celui-ci, après un court échange, autorise finalement l’abattage entre midi et quatorze heures. À la mairie, la réclamation n’est pas du goût de tout le monde ; les civils le regardent d’un mauvais œil. Dans la journée, le canon gronde vers La Bassée : une offensive…
Les Bulgares semblent se ranger aux côtés des Allemands. Nuit plus calme ; presque pas de lueurs cette fois, comme si le ciel lui-même s’accordait un moment de répit. Dans la matinée, un prisonnier anglais traverse la ville. On le revoit dans l’après-midi sur la Grand’Place, encadré par les sentinelles. Certains écrits parlent plutôt d’un prisonnier canadien — les récits divergent, comme souvent en ces temps troublés. Dans la cour, l’inspecteur passe en revue les soldats des limonades, rangés sous le commandement d’un caporal : quatorze hommes au total, auxquels s’ajoutent cinq soldats brasseurs, l’inspecteur et ses deux secrétaires, ainsi…
