Calendrier de travail
Cinquième jour de bombardement à Comines La pluie tombe sans répit, le froid s’installe dans les rues de Comines. Les nuits restent jusqu’ici épargnées par les obus, mais le jour, la menace demeure. Les maisons ouvrières portent encore les cicatrices des derniers tirs. Ce matin, la corderie Delvoye est frappée, et des projectiles tombent près de l’hôpital. Les quartiers populaires, une fois de plus, subissent le feu allié. Hôpital de Comines France – Fonds SHCWR Dans la ville, les Allemands démontent des baraquements pour les envoyer plus à l’arrière. Le 1er bataillon du 18e, logé à l’usine Gallant, quitte Comines…
Comme hier Dans la matinée, Comines – France est de nouveau la cible d’un bombardement. Des obus s’abattent en divers points de la ville : l’un éclate près du cabaret Le retour du chasseur, sur la route de Sainte-Marguerite, d’autres atteignent l’hôpital et la ferme Grave, du côté français. Saint Marguerite Comines France – Fonds SHCWR À Roncq, un avion allié parvient à descendre deux appareils ennemis. Très tôt déjà, plusieurs aéroplanes ont survolé la région, essuyant un feu nourri ; un combat aérien s’engage même au-dessus de nos têtes. Le reste de la journée se déroule dans un calme…
Courbaturés d’y avoir passé la nuit entière Vers cinq heures du matin, certains habitants osent enfin sortir des caves. Courbaturés d’y avoir passé la nuit entière, ils regagnent pour quelques heures leur lit. Dans la journée, chacun s’emploie à améliorer les abris souterrains afin de pouvoir y loger en permanence, car les soldats, réquisitionnés pour le service de jour et de nuit lié au travail des limonades, doivent y rester. L’activité de l’usine diminue toutefois depuis le départ des troupes ; on ne voit plus ces files interminables de chariots s’étendant jusqu’au bout de la rue. Les civils racontent même…
Navires au large de Zeebruges On dort toujours dans les caves, même si l’inconfort reste grand. Pourtant, la fatigue aidant, le sommeil vient plus facilement, et les soldats font moins de bruit. On ose même sortir un peu. Les autorités rappellent pourtant la prudence : ne pas sortir sans nécessité, repérer les maisons où flottent des drapeaux signalant la présence de caves sûres, garder dans chaque cave un seau d’eau et des linges mouillés pour parer aux incendies. Un calme étrange plane. On pressent que de grands événements se préparent. Pas un coup de canon ce jour, seulement une fusillade…
Fête du Roi de Bavière La journée est calme et le temps est superbe, mais personne n’ose profiter du soleil ni s’aventurer jusqu’au canal. La nuit, en revanche, de fortes fusillades éclatent. Du côté de la brasserie, on dort encore dans la cave, les soldats y restant aussi. Dans la journée, le secrétaire Vanneste vient, envoyé par le bourgmestre, pour demander si ils ont une cave disponible pour les civils. L’inspecteur précise : la cave de la maison est réservée aux soldats, la cave aux vins pour le habitants de la brasserie, la cave de la brasserie pour les ouvriers…
Les cloches sonnent Quelques fortes détonations secouent la nuit.Dans l’obscurité passe le 25ᵉ, venant du Mai-Cornet, avec ses chariots et sa musique. On réserve des quartiers rue de Warneton pour de l’artillerie. Vers dix heures du matin, une explosion retentit près du cimetière : un magasin de poudre vient de sauter. Au-dessus du centre de Comines (Belgique), un combat d’aéroplanes éclate. Des balles tombent sur la ville. La caste médicale militaire, fidèle à ses principes de « haute culture », prend peur des obus qui frappent Comines. Dans la nuit, elle emmène ses deux cents blessés, sans un mot de…
Canons à Ypres Le temps reste magnifique et de nombreux avions passent dans le ciel, parfois engagés dans des combats.Dehaene et Verschoore partent à Bruxelles chercher du ravitaillement, car par Gand cela n’est plus possible. Les soldats quittent peu à peu la cave de la brasserie Dumortier : il n’y reste que deux paillasses. Les habitants en profitent pour réoccuper leurs chambres. Dans les caves, on élargit le soupirail et on enlève le grillage, pour avoir une seconde sortie en cas de bombardement. On entend de violentes canonnades du côté d’Ypres. photograph (Q 28947) View down the Rue de Lille…
Defaite allemande dans le golfe de Riga Peu à peu, la vie reprend timidement. Les habitants osent à nouveau sortir, faire quelques pas le long du canal ou traverser les prairies. Dans les villes voisines, pourtant, on croit Comines anéanti. À Lille, on affirme que « Comines-Belgique est repris, Comines-France détruit et le maire tué par un obus ». À Courtrai, la rumeur court qu’« il y a trois cents Cominois tués, le curé et le bourgmestre prisonniers ». On mesure là combien l’écho des événements se déforme, car en réalité, malgré les destructions matérielles, seules quelques personnes ont été…
Hindenburg se fait une réputation Les nuits sont calmes, presque étrangement. Quelques coups de fusil éclatent de temps à autre, mais l’artillerie reste silencieuse. À Houthem pourtant, la guerre frappe cruellement : un obus tombe au moment où un homme et une femme tentent de se réfugier dans une cave. Tous deux sont tués sur le coup. À Comines, la vie quotidienne continue tant bien que mal. L’inspecteur du bureau partage ses repas chez Beaumont, en compagnie du second officier qui y loge depuis le départ de l’intendance. Hier soir, on y a donné un concert avec chants et monologues,…
De Linselles à Messines On parle du retour de l’état-major et de sa suite.Monsieur Delbove se rend, accompagné d’un soldat, à la Cortewilde pour l’enterrement des deux civils tués. Une trentaine de personnes, encadrées par des soldats, suivent les cercueils jusqu’à l’église d’Houthem, où un petit service se tient. Le spectacle est navrant : le pays n’est plus qu’un champ de ruines, les maisons sont effondrées et l’église se dresse à ciel ouvert. Houthem – Fonds SHCWR Hier, quarante ouvriers de Comines-France sont réquisitionnés pour décharger de nuit, à Houthem, des wagons de macadam. Ils refusent de s’y rendre et,…
Description de la ville de Menin Le « Café de la Paix » disparaît. Chaque soir, quelques habitués s’y retrouvaient pour descendre en Belgique, boire un verre et jouer aux cartes. Désormais, c’est « À la Fontaine », le plus grand cabaret civil, qui attire Belges et Français. Chez Lepoutre-Cailloux aussi, c’est un beau groupe de civils français qui s’y réunissent. Café de la Paix Comines France – Fonds SHCWR À Comines France, les jeunes gens réquisitionnés pour les travaux forcés sont rentrés hier soir à 23 h 30. On les a envoyés décharger du gravier et du sable à…
50 coups par minute. Dans la première partie de la nuit, de fortes fusillades éclatent, accompagnées de vives lueurs. Vers trois heures du matin, et pendant une heure et demie, les canons grondent comme aux plus forts jours. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 53130) 4. 7-inch gun (with caterpillar wheels) in position at Dickebusch, spring 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205286648 À 4 h 10, à Comines, on entend au loin le roulement des canons alliés : cinquante coups par minute. Les Allemands répliquent par séries de quatre coups. Puis, brusquement, tout cesse. Au…
6000 dans la journée. Les canonnades de la nuit, accompagnées de vives lueurs, reprennent de plus belle ; à tout instant le ciel s’illumine. Près d’Ypres, les soldats anglais affirment tirer six mille obus dans la journée. Ils renforcent aussi les contrôles d’identité en de nombreux endroits, tant dans la ville même que sur les chemins qui y mènent. Ce sont des Policemen qui se chargent de ces opérations. On annonce l’interdiction prochaine du change d’argent, car les abus se multiplient. Les marks deviennent introuvables et la vie renchérit du fait que partout, seul le mark compte pour s’approvisionner. Les…
Les deux tiers des fruits.. On procède au recensement des chevaux, mulets et ânes : chacun sera marqué de la lettre Z. Dimanche, le mulet de la brasserie Dumortier doit être présenté afin qu’on lui brûle cette marque à la cuisse. ANIMALS DURING THE FIRST WORLD WAR (Q 32504) Italians unloading a mule from a ship at Salonika. The mule is hoisted down in a sling. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205212920 La mémoire des soldats tombés est largement honorée, mais il ne faut pas oublier que la guerre est aussi une tragédie pour les bêtes, victimes silencieuses et sans…
Les Allemands deviennent de plus en plus curieux. Quelques coups de canon et de fusil résonnent encore. Une nouvelle affiche ordonne à chacun de déclarer ses fruits, sous peine d’une amende de vingt francs par dix kilos découverts en fraude. Les habitants, pour éviter la sanction, se hâtent de distribuer ce qu’ils ont à leurs voisins. Dans bien des jardins, il ne reste presque plus rien : les récoltes de juillet ont déjà été pillées et le peu qui subsistait a été cueilli pour la cuisson. Ce sont surtout les civils, plus encore que les soldats, qui se sont chargés…
Un bain de mer a réjoui la troupe. Le beau biplan Voisin, familier du ciel cominois et cher aux habitants pour l’audace de ses pilotes, ne vient plus réconforter la ville. Hier, après un vol superbe, il s’est abattu en spirale, semble-t-il du côté de Zandvoorde. On dit que les deux aviateurs sont morts dans l’accident. THE FRENCH AIR FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1918 (Q 67018) A French Voisin biplane fitted with a 47 mm Hotchkiss gun at the Savy-Berlette aerodrome, 24 February 1916. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205218716 À Comines, chacun s’affaire autour des fruits. Pour échapper…
Ypres, totalement inhabitable. Le correspondant néerlandais du Telegraaf décrit Ypres comme une ville morte après son passage. À Poperinghe, il note que les habitants du centre ont fui. Ceux des quartiers périphériques restent encore, mais vivent sur le qui-vive, toujours prêts à se réfugier dans les bois voisins au moindre danger. Sur la route vers Ypres, le silence domine. À Vlamertinghe, aucune trace de vie, sinon quelques fermiers obstinés qui refusent d’abandonner leurs terres. Leurs enfants, eux, ont déjà été envoyés en colonies scolaires en France. photograph (Q 28998) Grande Place, Poperinghe, October, 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205268948…
Réquisition des fruits Les Allemands continuent de réquisitionner les fruits. La pluie s’installe dans la région et transforme les tranchées en rivières de boue. Dans les conversations, on reparle d’éventuelles négociations de paix, mais rien de concret ne vient apaiser les esprits. Un nouvel ordre est publié : les civils doivent ouvrir leur maison au premier coup de sonnette, dès lors qu’un gendarme ou un militaire, porteur d’un billet de la Kommandantur, se présente à leur porte. Bientôt, ce sont aussi les cuivres qui seront réquisitionnés. Soldats allemands – Fonds SHCWR Pendant ce temps, 93 enfants des environs de Dickebusch…
Jeanne 16 ans tuée Vers 17 h 15, Comines-Belgique est de nouveau la cible d’un bombardement. Plusieurs civils sont blessés. Une jeune fille de seize ans, Jeanne Delbecque, est tuée devant sa porte, au n° 169 de la rue de Wervicq. Fille d’Alexandre Delbecque et de Marie Deconinck, elle était sortie regarder dehors. Le soldat de garde près du travers du chemin de fer l’avait avertie de rentrer, mais elle n’eut pas le temps d’obéir. Un éclat d’obus l’atteignit et la tua sur le coup. Dans la zone non occupée, les habitudes de ravitaillement des commerces belges sont bouleversées. Ce…
Deux civils tués. Il fait un temps superbe. Depuis quelques jours, les avions reviennent profiter du ciel clair, mais ils attirent aussitôt une pluie de tirs ennemis. Dans l’après-midi, vers 16 h 30, un obus, parti sans le grondement habituel, siffle dans l’air et éclate presque aussitôt près du pont du chemin de fer. La stupeur est générale. À partir de ce moment, et à intervalles de cinq à quinze minutes, les obus tombent sans relâche dans les environs : une douzaine, peut-être quinze. C’est la Belgique qui est visée cette fois-ci. On se réfugie dans les caves tandis que…
Obus au Godshuis Dès le matin, une foule se presse dans les rues pour constater les dégâts laissés par les obus de la veille. À Comines-Belgique, de petits drapeaux rouges sont désormais plantés devant chaque cave afin d’indiquer les lieux où l’on peut trouver refuge lors des bombardements. Au passage à niveau, à l’extrémité de la rue de Wervicq, sept obus ont éclaté, broyant les rails en mille morceaux. On dénombre neuf civils blessés et une victime mortelle. Pourtant, dès midi, les rails sont déjà remis en état. Rue Masson – aujourd’hui rue de la Victoire –, un obus a…
Attaque alliée depuis les airs de grande envergure. La nuit se déroule dans un calme rare. Au matin, les soldats s’occupent de leurs petits jardinets qui entourent les baraquements. Dans le sentier de Ten-Brielen comme dans la rue de la Paix, on admire de véritables décors champêtres : kiosques improvisés, bancs rustiques, cabanes de planches, le tout entouré de barrières faites à la main. Des conduites en ciment, ouvertes dans le sol, permettent l’écoulement des eaux autour de ces habitations de fortune. Ici et là, de petites cantines accueillent soldats et passants, avec tables et abris de fortune. Chaque jour,…
Combats dans les airs…. Le temps est radieux et, dès le matin, le ciel s’anime. Les avions se croisent au-dessus de la région et les Alliés tirent sans relâche sur les appareils allemands. Dans les rues, les comportements changent. On le répète souvent : les mœurs se relâchent. Une chanson circule déjà sur ce sujet, preuve que la guerre engendre des attitudes singulières, une manière de vivre « à part », comme détachée du quotidien d’autrefois. Pendant ce temps, ailleurs, les échos du monde rappellent l’ampleur du drame. La marine française a sauvé près de 4.000 Arméniens réfugiés sur le…
Une ballade à Ostende. Beaucoup de lueurs apparaissent la nuit vers Gheluvelt, accompagnées d’une fusillade ; des projecteurs fouillent le ciel du côté de Hollebeke. Malgré le beau temps dont nous ne pouvons guère profiter, les esprits se troublent et le découragement gagne beaucoup de monde. Grâce à Dieu, nous restons un peu philosophes, et, un jour après l’autre, nous espérons sortir de là. De nouvelles affiches paraissent : Tout propriétaire de plus de 10 kg de fruits non déclarés s’expose à une amende de 20 francs ; Il est défendu de récolter fruits et pommes de terre ; Il…