Calendrier de travail
La nouvelle Commandantur fonctionne. Toute la nuit, de lourds coups de canon secouent la ville ; dormir est impossible. Le temps ajoute encore à la misère : dégel, tempête, ciel uniforme et sombre du matin au soir. Peut-être cela dissuadera-t-il les obus de revenir aujourd’hui. La nouvelle Commandantur fonctionne désormais. Les jeunes gens doivent se présenter en Belgique, mais seulement une fois par semaine. Les ouvriers belges, quant à eux, travaillent en Belgique, et l’appel se fait près du Patronage.Demain, un nouveau capitaine doit arriver. La Ville prévoit de faire débiter, demain également, une bête arrivée la semaine dernière. Il…
Bombardements en continu Le canon tonne puissamment durant la nuit ; fusillade et mitrailleuses se mêlent au vacarme. Au matin, le calme revient peu à peu. Le temps est clair mais balayé par un grand vent, et quelques aéros passent au-dessus de la ville. La journée se déroule sans qu’aucun obus ne tombe. Aujourd’hui arrive l’aumônier, le R.P. Rouff, rédemptoriste. Étudiant à Rome autrefois, ce Luxembourgeois parle un français remarquable. La province rédemptoriste du Luxembourg ayant été réunie à celles de Rhénanie et de Westphalie, il lui fallait la naturalisation allemande pour pouvoir y retourner. Il disait avec une pointe…
Le canon allemand a son habitude. Il y a toujours de fortes canonnades sur tout le front. Deux personnes blessées dimanche par les obus sont décédées. Plusieurs familles — Paul Schoutteten, Catteau-Strat, Hassebroucq-Catteau — obtiennent la permission d’évacuer vers Roubaix avec quelques meubles. Vers 14 h, le canon se met à rouler d’une façon effrénée du côté de Messines ; ce grondement ne cesse plus jusqu’au soir. À la tombée de la nuit, comme presque tous les soirs, le canon allemand bombarde par intervalles. Les détonations sont énormes, venant de derrière chez Cousin, à Comines France, et se dirigeant vers…
Joffre prend la tête. A propos de l’explosion d’hier soir, on apprend que c’est la cheminée de la fabrique Hassebroucq qui a été détruite ; on dit que d’autres cheminées sont condamnées, car elles servent de repères aux artilleurs alliés. Aujourd’hui, malgré un temps sombre, des aéronefs viennent inspecter les lieux. L’un d’eux se fait particulièrement remarquer : après avoir survolé l’usine Hassebroucq, il revient en droite ligne en passant au-dessus de la maison Dumortier et, malgré les tirs qui s’abattent dru autour de lui, il avance avec une lenteur inquiétante. Autour de nous, nous recevons quantité de débris provenant…
Par la Suisse. Le temps est à la pluie. Ce matin ont lieu les départs des familles françaises ; il paraît que le spectacle est navrant, avec les chariots et les carioles alignés sur la place. Aujourd’hui s’ouvre la liste des personnes françaises souhaitant évacuer par la Suisse, avec 30 kilos de bagages. Les hommes de 17 à 50 ans n’y sont pas admis. C’est une véritable procession à la mairie et, avant le soir, plus de cinq cents personnes s’y inscrivent. La liste sera clôturée le 8. Pour les Belges, aucune décision n’est encore communiquée ; le bourgmestre entreprend…
Une canonnade infernale. Il fait un temps épouvantable : pluie battante, vent violent, et les eaux envahissent les prés. De l’eau dans les prés – Fonds SHCWR Dans les maisons occupées par les officiers allemands, dès 4 heures, un vacarme incroyable éclate, comme si tout le monde déménageait. Ce ne sont pourtant que les ordonnances qui se lèvent pour allumer les feux et mettre tout en ordre. Les enfants, eux, ne parviennent plus à dormir. Les inscriptions pour la Suisse se poursuivent à un rythme soutenu. On dit que les Bavarois quitteraient bientôt la brasserie Dumortier. Les soldats, en conduisant…
C’est vraiment sinistre. Le temps est assez clair ce matin, mais le froid reste humide et pénétrant. Dans les maisons occupées par les officiers allemands, les ordonnances se lèvent un peu moins tôt, vers 5 h 30. Dès ce moment-là, leurs allées et venues empêchent toute la maison de dormir, surtout les enfants. La journée se déroule calmement, sous une pluie continue. Quelques avions passent et attirent un tir nourri. Le canon tonne presque sans interruption et les obus qui tombent autour de Warneton, Houthem et Ten-Brielen provoquent un vacarme impressionnant. Par prudence, certains civils passent l’après-midi dans les caves.…
Conférence à Chantilly. La nuit est encore marquée par le canon et la fusillade, presque sans interruption. Comme aucun obus n’est tombé ces derniers jours, beaucoup de personnes demandent à être retirées de la liste de départ pour la Suisse ; environ 500 restent inscrites. Un avis annonce que samedi, il faudra présenter le mulet ainsi que tous les chevaux de la commune.On continue à déménager la bière de la brasserie. On s’attend au départ prochain des Bavarois, qui travaillent pourtant encore sur place ; selon les ouvriers, leur départ serait fixé au 12. À Comines France, la ration hebdomadaire…
Des Russes travaillent dans notre région. Les bombardements allemands continuent chaque nuit, accompagnés d’une forte canonnade. Le matin, l’activité ralentit un peu, mais l’après-midi — surtout aujourd’hui — les combats reprennent avec intensité, et des obus tombent entre Ten-Brielen et Comines. Dans la matinée, Henry Dumortier est convoqué au bureau. L’officier-inspecteur lui demande s’il souhaite reprendre lui-même la brasserie ou laisser des soldats continuer à l’exploiter. Après en avoir discuté avec ses associés, il confirme vouloir la reprendre. On lui répond que la brasserie sera rendue dans l’état où elle a été prise, sans préciser de date. Dans le même…
Les prairies sont inondées. La nuit reste agitée. Depuis dimanche, il pleut sans arrêt et les prairies sont inondées ; il s’en faut de peu pour que les maisons le soient aussi. Dès 4 h 30, les ordonnances s’agitent dans les escaliers et les maisons ; le vacarme est incessant. Le canon tire encore très fort toute la journée et, une fois de plus, des obus tombent entre Comines et Ten-Brielen ; les maisons en tremblent. Le soir, les tirs continuent. Les prisonniers russes, employés par les Allemands pour creuser des tranchées, profitent d’une occasion pour s’échapper vers les lignes…
Une seconde contribution. Le canon gronde toujours la nuit, sans surprise. On finit par s’y habituer et l’on respire un peu, puisqu’aucun obus ne tombe plus dans les environs. À la brasserie Dumortier, les soldats démontent leurs foudres, transportés vers la gare : tout indique un départ imminent. Il ne reste sur place qu’un cuisinier et une ordonnance, chargés de préparer les repas d’un capitaine au front depuis la veille et de les porter jusqu’aux tranchées. Le soir, un sous-officier de la Commandantur belge vient interroger Henry Dumortier. Il pose une série de questions très précises : le nom de…
Début des retours de Gallipoli. Toujours de fortes canonnades durant la nuit.Il pleut sans cesse et l’inondation progresse rapidement : les prairies sont désormais sous l’eau. Les soldats qui reviennent des tranchées sont méconnaissables, couverts de boue des pieds à la tête. Les eaux montent à Bas-Warneton – Fonds SHCWR Dans la matinée, Madame Dumont apprend par les Saxons qui brassent chez elle que la brasserie bavaroise s’apprête à quitter Comines.C’est la confusion autour des fûts : on en retrouve mélangés dans presque toutes les brasseries, et les brasseurs tentent de s’entraider du mieux qu’ils peuvent. Le mulet blessé par…
Mort pour la Belgique. Cette nuit, la canonnade a été particulièrement violente ; c’est terrible à entendre. Hier soir, des officiers se sont rendus chez Van der Mersch. Après avoir réclamé les clefs de ses magasins, ils ont mis sous séquestre tout ce qui s’y trouvait : les marchandises de Van der Mersch ainsi que les céréales appartenant à plusieurs fermiers. À Comines France, toutes les bêtes à cornes sont réquisitionnées. L’autorité allemande prévoit d’installer une étable à l’usine Schindeler, où les enfants de moins de trois ans et les personnes malades pourront obtenir un litre de lait par jour.On…
Impôt sur la bière. Le temps est un peu meilleur ; il pluvine par intervalles. La nuit, le canon tonne toujours très fort, mais ce matin, c’est le calme. On doit désormais déclarer le nombre d’hectolitres de bière produits. Un nouvel impôt sera établi sur la bière et sur les épiciers ; l’autorité allemande songeait d’abord à taxer cabaretiers et brasseurs, mais finalement seul le brasseur sera imposé. Aéros dans la matinée. L’après-midi, le canon gronde de nouveau ; les éclatements d’obus vers Houthem sont terribles et font trembler les maisons. Le camion Dumont décharge pour la brasserie un wagon…
Réouverture des classes La pluie cesse enfin et l’eau atteint son niveau le plus haut ; les potagers sont inondés. Depuis 1894, elle n’avait jamais monté aussi haut. Le canon gronde durant la nuit comme toujours. Ce matin, de fortes explosions de grenades à main éclatent près du canal, avec un fracas épouvantable. Le temps est clair, des aéros circulent.Hier soir, un capitaine est parti au feu et, pour la première fois, son cuisinier — qui parle très bien le français — ainsi que ses ordonnances doivent l’y accompagner. Les classes rouvrent, mais les Allemands ne rendent toujours pas les…
Les vaches françaises réquisitionnées C’est toujours la même situation : combats de jour comme de nuit, avec une accalmie relative le matin et le soir, avant une reprise vers 21 h. Les soldats qui rentrent des tranchées sont couverts de boue, sales et épuisés. À Comines France, toutes les vaches françaises réquisitionnées sont installées chez Schindeler ; les fermiers ont dû les y conduire eux-mêmes. On en compte environ deux cent cinquante. Chaque matin, le lait est vendu aux enfants et aux malades, à raison d’un litre par personne, mais cette quantité n’est pas toujours atteinte. En Belgique, dimanche dernier,…
Fournir un œuf. Avec l’aide de civils, on continue à fortifier les caves. Chez Pajot, la couche de béton arrive à hauteur des châssis, de plain-pied avec le sol. Chez Ferrant, on procède de la même manière et, aujourd’hui, les travaux commencent « À la Fontaine ». On s’interroge sur le sort qui est réservé à Comines. À Comines France, tout propriétaire de poules est tenu de fournir un œuf par cinq poules chaque semaine. En Belgique, il n’est plus permis de faire vider les citernes sans prévenir la Commandantur deux jours à l’avance. Les ouvriers chargés de ce travail…
