Calendrier de travail

Mercredi 24 mars 1915

Mouvements de troupes françaises Le 9e Corps français du général Dubois, présent dans la région depuis octobre 1914, se retire en autocar, tandis que de nouvelles troupes françaises arrivent à pied en chantant dans les rues de Poperinghe. THE FRENCH ARMY ON THE WESTERN FRONT, 1914-1918 (Q 61563) French troops on a motor bus near Hazebrouck, March 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205308981 À Comines, les Allemands enterrent leurs morts durant la nuit, et ils sont nombreux. En ville, des simulacres de canons sont déplacés pour tromper l’ennemi. Deux bataillons traversent la ville en direction du front, musique en…

Jeudi 25 mars 1915

Contrastes le long des canaux vers l’Yzer. Des vaccinations sont organisées à Comines. Malgré les assauts violents de l’armée allemande, les positions alliées le long de l’Yser et des canaux vers Ypres et Furnes restent inchangées. Les inondations provoquées offrent une excellente protection aux troupes alliées. Tandis qu’à Drie Grachten-Knokkebrug les bombardements sont incessants, à Reninge, les cultivateurs labourent et sèment leurs champs à courte distance du front. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 51590) Soldiers of the 1st Battalion, Cameronians (Scottish Rifles) pumping a flooded part of the trenches at Grande Flamengrie Farm (Bois Grenier…

Vendredi 26 mars 1915

Saint Eloi toujours en ébullition Depuis les remparts d’Ypres, un journaliste néerlandais du Telegraaf observe de loin les combats acharnés de Saint-Éloi. La canonnade allemande et la riposte anglaise sont d’une intensité telle que le sol vibre sous les pieds du correspondant de guerre. Les soldats britanniques tiennent bon et se défendent avec courage, malgré de lourdes pertes. Le soir venu, les blessés affluent vers Ypres, mais les Allemands, en représailles, bombardent la ville. Une douzaine de malades atteints du typhus sont rapatriés de Saint-Omer à Ypres. Dans les Vosges, les Français reprennent la montagne du Hartmannswillerkopf, aussi appelée Vieil…

Samedi 27 mars 1915

Seconde ligne de tanchée Aujourd’hui, belle journée de printemps avec des avions dans le ciel. Des terrassiers cominois creusent une seconde ligne de tranchées derrière le front durant la nuit. À la mairie de Comines-France, on annonce que toutes les personnes souhaitant quitter la ville pourront le faire. Les Allemands assureront gratuitement leur transport jusqu’à la frontière suisse. Pourtant, peu de gens envisagent de partir, réfléchissant aux conséquences de l’abandon de leurs demeures. Cette mesure semble motivée par la crainte de difficultés de ravitaillement. Le commandant français Delporte annonce qu’une maison parisienne accueillera 200 Yprois. À l’hôpital de la ville,…

Dimanche 28 mars 1915

Promenade en ville Beau temps avec des avions dans le ciel. À Comines, les civils, jeunes et vieux, se promènent en ville. Le gouvernement belge a trouvé un pensionnat en Suisse capable d’accueillir jusqu’à 300 enfants. Cette information est communiquée par le commandant belge Delporte à Ypres, où deux avions allemands survolent la ville et larguent trois bombes vers 16 h, sans causer de dégâts. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 61659) Troops pushing barrels on the Lille Gate at Ypres, March 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205309058 Premier citoyen américain tué dans la Grande…

Lundi 29 mars 1915

Les premiers radis Beau temps froid. Gros bombardements à Geluwe. À Ypres, des dizaines d’obus tuent deux soldats français et dix chevaux. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 61643) Dead horses in the rubble-strewn sqaure outside the ruined Cathedral at Ypres, March 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205026952 Le « Maître » de Georg Lill est allé à Roubaix et en ramène les premiers radis magnifiques. Toute la journée, des autobus débarquent des soldats français à Poperinghe. À Châtellerault, la Manufacture d’Armes engage ses premiers travailleurs étrangers. Parmi eux, 203 Belges, dont 35 femmes, sont envoyés à…

Mardi 30 mars 1915

L’eau pose problème aux Yprois À Comines, tout est relativement calme. À Ypres, toutes les canalisations d’eau ont été détruites par les bombardements. Les Yprois s’approvisionnent dans les fossés entourant la ville, ce qui entraîne de nombreuses maladies. Pour y remédier, les autorités installent des réservoirs de 200 et 520 litres d’eau traitée au chlorure de calcium en quatre points stratégiques. MINISTRY OF INFORMATION FIRST WORLD WAR OFFICIAL COLLECTION (Q 11625) The water tower, Ypres, October 1917. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205218014 NDLR : La photo a été prise en 1917 mais cela permet de comprendre la difficulté de…

Mercredi 31 mars 1915

Une forte explosion retentit La situation reste calme. Léopold de Bavière est à Comines aujourd’hui, et la ville est pavoisée en son honneur. Il descend chez Madame Gallant en passant par la rue de Lille. Comme le Kronprinz Ruprecht, il est l’un des douze enfants du roi Louis III. Vers 16 h, une forte explosion retentit rue de Wervicq, suivie d’une seconde moins puissante et d’une troisième, la plus violente de toutes. La maison Devroedt est entièrement détruite, tandis que celle de Madame Béague reste intacte. Depuis quelque temps, des grenades à main étaient fabriquées dans certaines maisons. L’explosion pulvérise…

Jeudi 1 avril 1915

Jeudi Saint Beau temps. Dans l’après-midi, un expert allemand vient constater les dégâts de l’explosion d’hier dans les maisons abritant la fabrication de grenades. La double vaccination de l’armée contre le choléra est en cours d’achèvement. M. Léon Verkamer est prévenu par un sergent belge qu’un coup de main est prévu du côté de la côte 60. Il est 21 heures lorsqu’une violente explosion retentit, suivie de tirs de mitrailleuses. Après un bref silence, de farouches combats au corps à corps éclatent et, selon les témoins, durent trois heures. Une centaine d’ambulances empruntent la route Ypres-Menin pour évacuer les blessés.…

Vendredi 2 avril 1915

Départ de Monsieur Suzann Vendredi Saint. Beau temps. Il est désormais interdit aux soldats de porter des bandes molletières françaises, une distinction réservée aux officiers. Un contingent de 400 hommes arrive de Zweibrücken. Début d’une série de violents combats d’artillerie, qui se poursuivront pendant huit jours, alternant entre Quesnoy, Messines et Zandvoorde. La position expose les témoins en première ligne, et certaines nuits, la fusillade est aussi intense qu’aux jours les plus durs. Monsieur le prêtre Suzann quitte la région pour la Russie. Homme droit, pieux et joyeux, il avait su, par sa présence à la cure, empêcher l’installation d’officiers…

Samedi 3 avril 1915

Pâques Pâques tristes sous un ciel de pluie. À Poperinghe, les Anglais remplacent progressivement les Français. La circulation au centre-ville devient si dense qu’une route de déviation est créée. Officiellement nommée « Switch Road » ou route de liaison, la population l’appelle rapidement « Zweedse Route », un nom plus simple à retenir. Le capitaine-médecin William Boyd, Écossais-Canadien, conduit une troupe d’infirmiers vers le front. Arrivés de nuit aux abords de Neuve-Église, ils s’arrêtent dans une ferme transformée en infirmerie pour se restaurer avant de poursuivre jusqu’au couvent du village, lui aussi converti en hôpital. Le toit a été emporté, les murs s’effondrent, et…

Dimanche 4 avril 1915

Pâques Un ciel de pluie. Malgré la guerre et l’austérité ambiante, un souffle d’innocence et de tradition persiste à Comines. À la Brasserie Dumortier, l’esprit de Pâques reprend ses droits : on y photographie les enfants, immortalisant ainsi un instant de joie au milieu des épreuves. Un contraste frappant avec la brutalité du conflit, comme un rappel que la vie continue, même au cœur des tourments. À Ypres, en ce jour de fête, des milliers de soldats britanniques traversent la ville en transit vers le front. Pendant la grand-messe, les artilleurs belges offrent, à leur manière, un concert inattendu en…

Lundi 5 avril 1915

Bombardements au Gheer. Les maisons situées au Gheer, en arrière des cantonnements anglais de la compagnie A, sont la cible de nouveaux bombardements. Dernier départ aujourd’hui pour les soldats français du 9e Corps : l’État-Major établi à Poperinghe quitte la région, marquant la fin d’un long séjour. Dans la foulée, les troupes britanniques arrivent en nombre pour prendre le relais. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 61627) Troops in a square in Poperinge, some on horses pulling carts, 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205309039 En Meuse et en Moselle, les Français lancent une offensive. À…

Mardi 6 avril 1915

Du gros calibre Tempête sur la région, accompagnée de violents tirs d’artillerie, dont certains de très gros calibre. Le bilan est lourd : trois morts et un blessé. À Comines, un soldat anglais fait prisonnier est rudement malmené lors de son passage en ville. À Ypres, le va-et-vient constant des troupes attire l’attention de l’ennemi. Les bombardements s’intensifient, touchant durement la population civile. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 61633) Rubble surrounding a destroyed building and vehicle on a farm near Ypres, April 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205309045 Dans la Belgique non occupée, les…

Mercredi 7 avril 1915

Un pont sur la Warnave. Un pont est jeté sur la Warnave par les hommes du capitaine Pechell. Ce dernier, bien connu à Ploegsteert, a laissé derrière lui une anecdote racontée dans l’histoire régimentaire des Essex : un jour, alors qu’il avait quitté son poste sans prévenir, un obus pulvérisa l’abri qu’il venait de quitter. À son retour, il découvre ses hommes en train de fouiller les décombres à la recherche de son corps. On imagine sans peine leur stupeur en le voyant surgir vivant parmi eux. L’Angleterre, dit-on, est bien le pays des fantômes… À Ypres, alors que l’on…

Jeudi 8 avril 1915

Jour de deuil. Jour de deuil pour le 2e Régiment d’Essex : c’est en ce jour que tombe le major G.C. Binsteed, spécialiste de la Mongolie, il devait d’ailleurs écrire un ouvrage sur le sujet mais le conflit en décida autrement. Il a été atteint alors qu’il observait les lignes ennemies depuis une ouverture pratiquée dans le mur de Central Farm. Captain Gerald Charles Binsteed Image: IWM (HU 113833) – Unit: 2nd Battalion, Essex Regiment. Death: 08 April 1915 Le Gheer Western Front – https://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205290590 À Elverdinghe, l’église paroissiale a été choisie par les autorités françaises pour permettre aux soldats…

Vendredi 9 avril 1915

En musique De retour à Comines, Georg Lill s’étonne de voir que les troupes montant au front sont accompagnées de musiciens qui leur jouent des airs entraînants, comme pour alléger la gravité de la situation. À Comines, Monsieur le Doyen se réjouit de pouvoir enfin reprendre les classes. Grâce à la bienveillance du commandant, plusieurs lieux lui sont prêtés à cet effet : le beffroi, les ateliers Gaudron, les salons de Monsieur Vouters, une salle dite « de la Paix », ainsi que les salles de catéchisme. Au Touquet, les hommes du régiment d’Essex font sauter une mine à proximité…

Samedi 10 avril 1915

Le tramway reprend du service Le tramway de Comines reprend du service, signe d’un certain retour à la normalité malgré la guerre. Dans les cantonnements allemands, les soldats aménagent de petits jardinets autour de leurs baraquements, comme pour apprivoiser l’attente. Toute la ville de Comines bénéficie désormais d’un éclairage électrique. Les avions allemands évoluent cette fois de nuit. Ils sont repérés au-dessus des lignes alliées, signalant un changement dans les habitudes d’observation ou d’attaque. À Poperinge, les bombardements se succèdent sans relâche. La ville, saturée de charrois et de troupes, accueille la visite du ministre belge de l’Intérieur, Paul Berryer.…

Dimanche 11 avril 1915

Les Allemands préparent les assauts aux gaz Depuis deux jours, la canonnade a cessé, mais la nuit reste animée par une fusillade persistante. La grande messe continue d’attirer la foule. On rapporte que Quesnoy et Warneton ont particulièrement souffert ces derniers jours, et Deûlémont aurait dû être évacuée. À Comines, une décision du commandement impose aux cabaretiers un tarif strict pour la vente de bière : 25 pfennigs le litre, 5 pfennigs la chope de 1/5 de litre. Le prix à la tonne sera fixé ultérieurement. Vers 10 heures, plusieurs officiers se présentent à la brasserie Dumortier pour recenser les…

Lundi 12 avril 1915

Passeports avec photo Temps agréable ce jour. Un avion survole la région et largue deux bombes, heureusement sans conséquence. THE ROYAL FLYING CORPS ON THE WESTERN FRONT, 1914-1918 (Q 53142) Martinsyde Scout on aerodrome at Bailleul (Number 1 Squadron) April 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205286660 À Comines, la fanfare continue d’accompagner les troupes en route vers le front. On signale une consommation excessive de boissons alcoolisées parmi les soldats, en particulier durant la nuit — un phénomène préoccupant pour les autorités. Dès aujourd’hui, de nouveaux passeports avec photographie sont exigés. Ils devront être renouvelés toutes les deux semaines,…

Mardi 13 avril 1915

Was machen Sie hier Froide journée de printemps. Les rumeurs vont bon train : une offensive alliée serait imminente, tandis que certains journaux évoquent déjà une paix prochaine. Le pape Benoît XV, de son côté, plaide pour un cessez-le-feu rapide dans la presse américaine. Chapelle Comines – Fonds SHCWR À Comines, le curé Jean-Baptiste Delporte, qui avait pour habitude de confesser les Sœurs d’Orléans, s’est vu interdire l’entrée du lazaret par ordre de ses responsables. Seul « le petit », à savoir Monsieur Plovier, est désormais toléré. Malgré l’interdiction, l’abbé Delporte brave l’interdit. À la sortie, il est interpellé par…

Mercredi 14 avril 1915

On prépare les barbelés luie persistante sur la région. À Comines, le mouvement des convois est incessant. Des milliers de pieux, des rouleaux de fil barbelé et divers obstacles sont dirigés vers le front. Tout indique une intensification des préparatifs militaires. Obstacle en barbelés – Fonds SHCWR Les combats font rage du côté de Wijtschate, notamment dans le bois jouxtant l’Institut, ainsi qu’à Kemmel, où l’artillerie résonne sans relâche. À Dickebusch, c’est un réfugié originaire de Warneton qui assure désormais le service postal, symbole d’une solidarité discrète au cœur de l’exil. Du côté allemand, un Jäger du 234e Régiment d’Infanterie…

Jeudi 15 avril 1915

Les civils déchargent les wagons Le beau temps s’installe, et le ciel du soir se peuple d’avions en reconnaissance. À la gare de Comines, l’agitation est à son comble. Les civils, mobilisés, s’affairent au déchargement de wagons chargés de charbon et de ferraille, alimentant sans répit l’effort de guerre. Convoi ferroviaire arrivant probablement en gare. Civils au travail. Fonds SHCWR Du côté de Poelkapelle, les Allemands tentent leur première attaque aux gaz. Mais l’opération tourne court : à peine les bonbonnes ouvertes, le vent tombe. En urgence, on tente de refermer les dispositifs, mais l’opération s’éternise. Le gaz se retourne…

Vendredi 16 avril 1915

Nos enfants courent en vagabonds Printemps radieux sur la région. L’administration allemande évoque timidement la reprise des écoles… sans pour autant restituer les locaux qu’elle occupe depuis le début de l’occupation. Partout, à leur arrivée, ces messieurs de la grande Kultur réquisitionnent chapelles, couvents, écoles – et, tôt ou tard, même les églises. Les enfants, livrés à eux-mêmes, errent depuis des mois sans instruction ni catéchisme. Faute de bâtiments, faute aussi de confiance : les parents hésitent à les envoyer, de peur pour leur sécurité. Georg Lill, quant à lui, assiste à une scène aussi surprenante que pittoresque : une…

Samedi 17 avril 1915

Deux mines à Hill 60. Terrible fracas sur le front ce soir : une intense bataille d’artillerie a éclaté. Dès l’après-midi, et surtout à la tombée du jour, il est aisé d’observer la chute des obus. Le soir venu, les projecteurs, les lueurs d’explosions et les éclairs d’artillerie se succèdent sans relâche, illuminant sinistrement l’horizon. Halsey, Francis Whiting – Public domainWikimedia Commons À 19 h 15, les Anglais déclenchent l’explosion de deux doubles mines sur la Côte 60. Les positions allemandes sont balayées, et les troupes britanniques s’emparent de la hauteur stratégique. Sans tarder, elles s’attèlent à y creuser des…

Dimanche 18 avril 1915

Bilan de l’attaque à Hill 60 : 150 Allemands hors de combat.. Le grondement du canon ne faiblit pas : selon les soldats, la lutte est d’une intensité terrible. Le fracas de la guerre s’impose chaque jour davantage. Pour soutenir la population, la ville annonce une nouvelle mesure de ravitaillement : chaque semaine, une distribution de riz et de haricots sera organisée — 250 grammes par personne, aux prix respectifs de 0,65 et 0,70 franc le kilo. Sur le front, la victoire remportée hier à Hill 60 se confirme. L’assaut britannique a été couronné de succès, presque sans pertes. Les…

Lundi 19 avril 1915

Arrivée de renforts et accueil des blessés Le combat redouble de violence : la ligne de front résonne d’un fracas continu. La guerre, plus que jamais, s’impose dans le quotidien. À Comines, l’agitation ne faiblit pas. Depuis quelques jours, cinq à six carioles stationnent chaque matin et chaque soir dans la cour de la brasserie Dumortier. Avec les six chariots déjà présents en permanence, sans compter les camions restants, l’encombrement est devenu considérable. On peine à circuler. Un communiqué allemand annonce que les Anglais ont utilisé des grenades et des obus à gaz délétère à l’est d’Ypres. La guerre chimique,…

Mardi 20 avril 1915

Expulsion de 800 Cominois Sous un ciel nuageux, la tension reste palpable. À Comines, Georg Lill demeure en ville, bien que son « Maître » soit monté aux tranchées. Un drame humain se joue en silence : 800 habitants vivant aux frais de la ville sont expulsés vers la Suisse. Une décision brutale, sans retour. Depuis Comines, on perçoit distinctement la canonnade venue de Hollebeke. À la Côte 60, les combats font rage. Les Allemands attaquent avec acharnement, les Anglais résistent pied à pied. Les tranchées ne sont plus que souvenirs ; tout a été retourné, broyé de part l’explosion…

Mercredi 21 avril 1915

Expulsion de 450 Cominois Le beau temps persiste, et avec lui monte une inquiétude nouvelle : celle des chaleurs de l’été qui favorisent les infections. Les soldats s’activent dans les rues de Comines, évacuant les fumiers loin de la ville. Un ordre du commandant rappelle les précautions à prendre contre l’invasion des mouches, cette armée invisible et tenace qui accompagne les étés de guerre. Dans les cantonnements, la fanfare du régiment tente de ramener un semblant de normalité, égrenant ici et là des aubades militaires aux accents d’un autre monde. Mais la nuit est tout autre. À Comines, la canonnade…

Jeudi 22 avril 1915

Première utilisation des gaz asphyxiants à Langemark. Temps magnifique sur la plaine de Flandre, comme pour mieux souligner le contraste tragique entre la douceur du printemps et les horreurs de la guerre. Delporte Jean-Baptiste a reçu un laissez-passer pour se rendre à Menin afin d’y chercher les saintes Huiles. Il emprunte pour ce faire la route de Comines à Halluin, plus accessible. Sur le chemin du retour, il profite du rétablissement des tramways à vapeur mis en circulation par les autorités allemandes, et grimpe dans le train de Bousbecque à Comines. Pendant ce temps, Georg Lill, témoin lucide de la…

Vendredi 23 avril 1915

Percées allemandes à Ypres Beau temps clair sur le saillant d’Ypres, mais les nouvelles sont assombries par la violence des combats. Les troupes allemandes lancent une série de percées tout au long du front, notamment dans la région d’Ypres. Les Alliés résistent tant bien que mal face à la pression ennemie. Les pertes sont lourdes de part et d’autre. Dans les villes d’Ypres et de Poperinge, on accueille en urgence des centaines de blessés ; des cellules hospitalières improvisées surgissent un peu partout, témoins du chaos et de l’urgence. Les rumeurs courent que des bombes au gaz auraient été utilisées.…

Samedi 24 avril 1915

Nouvelles attaques aux gaz Nouvelle attaque au gaz au nord-est d’Ypres. Les Canadiens, surpris mais résolus, résistent sous un nuage toxique. Leur calme et leur ténacité forcent l’admiration. Les Anglais, suivis de près par les Français, se portent à leur secours. Juste à temps pour éviter une percée. Pendant ce temps, Bruce Bairnsfather et sa section avancent sous la pluie vers la ligne de feu. Le sol tremble sous les bombardements, les éclats sifflent de toutes parts. Il est blessé par une grenade et reste figé, seul, tremblant, dans un trou d’eau. Il sera finalement évacué vers un hôpital de…

Dimanche 25 avril 1915

Les Bavarois profanent notre église L’évêque de Spire, Monseigneur Michael von Faulhaber, séjourne quelques jours à Comines. Il voit de ses propres yeux les profanations infligées à l’église par les troupes bavaroises… mais ne dit rien. Pas un mot de protestation. Un protestant logé au presbytère s’en émeut :« Monsieur le Curé, je suis indigné. Chez moi, on ne croirait pas cela possible. Si j’écrivais ce que je vois ici, on m’accuserait de mentir. Pourtant, je le constate, l’armée ne respecte rien. »Un autre ajoute avec amertume : « On nous dit que la foi est primordiale… Ici, ils transforment…

Lundi 26 avril 1915

Traité de Londres entre l’Italie et les Alliés. À Comines, le communiqué allemand tombe : interdiction formelle de fumer et de cracher en rue. Il est aussi désormais obligatoire de saluer les convois funèbres allemands lorsqu’ils traversent la ville. La discipline, même dans la mort. Le ballon captif, véritable œil flottant de l’ennemi, survole toujours la région. On le signale tantôt près de la gare, tantôt au Corentje ou du côté de la Carotte. Ballon captif – Fonds SHCWR À 14 h, les Français, soutenus par la 1ère Division de Cavalerie britannique, lancent une contre-attaque à Steenstrate et Lizerne, là…

Mardi 27 avril 1915

Monsieur von Faber à Comines Beau temps lumineux. À Warneton, un avion allié est contraint d’atterrir. Vers 9 heures, Jean-Baptiste Delporte se rend à la commandanture avec Monsieur Duquesnoy, curé de Warneton. Ce dernier obtient de Monsieur von Faber un passeport pour Tournai. Il avait reçu l’appui de Monsieur le Prince de Loewenstein, cousin de notre reine, qui logeait chez Monsieur Louis Dumortier, rue du Fort. Ce prince, grand officier, assistait chaque jour à la messe dans notre chapelle. Son père, le prince de Loewenstein, était d’ailleurs devenu religieux dominicain à l’âge de 70 ans. Le soir, Monsieur l’aumônier Reitz,…

Mercredi 28 avril 1915

L’utilisation des gaz de combat modifie la stratégie militaire À Comines-France, les citoyens belges sont sommés de s’inscrire à la mairie sur ordre des autorités allemandes. Personne ne connaît la véritable raison de cette mesure soudaine. Mairie de Comines – France – Fonds SHCWR Dans les rangs alliés, l’inquiétude grandit. Mille questions circulent : d’où viennent ces vapeurs meurtrières qui frappent les premières lignes et laissent les soldats désemparés, incapables de fuir ? Un officier allemand, blessé puis fait prisonnier, livre les premières explications.Depuis quatre jours, des cylindres chargés de gaz ont été discrètement installés dans les tranchées allemandes. Les…

Jeudi 29 avril 1915

Riposte anglaise aux gaz moutarde Nouvelle attaque aux gaz ce matin sur le canal de Boezinge. Cette fois, les Anglais réagissent immédiatement : ils bombardent les points de lâcher des gaz, semant la confusion parmi les Allemands, ballotés par les nappes gazeuses qui vont et viennent. Plusieurs cylindres de gaz sont eux-mêmes touchés par les obus. Sur le tram à Quesnoy, rencontre d’un voyageur : il habite encore Frelinghien et assure les fonctions de maire, bien qu’il soit Belge. Ils ne sont plus que six familles à rester, à seulement cinq cents mètres des tranchées. À Ypres, les observateurs anglais…

Vendredi 30 avril 1915

Dixmude est également la proie des attaques aux gaz Nouvelle attaque au gaz sur Wulvergem. À Dixmude, sur l’Yser, les Allemands déclenchent un bombardement intense, suivi de l’ouverture des vannes des cylindres de gaz. Les troupes belges, surprises, reculent dans un premier temps, mais reprennent courageusement leurs positions initiales. Les deux espions allemands repérés dans le beffroi d’Ypres, qui manipulaient les aiguilles de l’horloge, se sont échappés. Près d’Ypres, Frederic Coleman, en faction devant une ferme, est abordé par deux hommes essoufflés. Ils s’expriment dans un anglais impeccable et demandent la direction d’un régiment algérien. Après avoir bu un peu…

Samedi 1 mai 1915

Bombardements dévastateurs La soirée d’hier fut marquée par une canonnade particulièrement violente : pas moins de 56 obus sont tombés sur Warneton. Dans la journée, les combats ont fait rage sur l’ensemble du front. Le soir venu, les échanges d’artillerie et les fusillades se sont intensifiés à l’ouest, au nord, et en partie à l’est. Un véritable déluge d’obus s’abat sur les villes et villages situés entre Ypres et la côte. La population fuit dans la panique, laissant bétail et biens derrière elle. Les églises s’effondrent, les maisons brûlent, et les cimetières de fortune se multiplient autour des ruines. Le…

Dimanche 2 mai 1915

Ypres bombardée La matinée s’est déroulée dans un relatif calme, mais chacun s’attendait à ce que les canons tonnent de nouveau à la tombée de la nuit. Le vent souffle plus fort et, malgré tout, le ciel demeure d’une beauté éclatante. Ypres subit de lourds bombardements tandis que les forces allemandes percent en direction de la ville. À Comines, c’est une étonnante atmosphère de gaieté qui règne, comme un souffle de normalité au milieu des épreuves. Deux dames arrivent à Comines (France) depuis Roncq, cherchant le mari de l’une d’elles, Auguste Carbon. Au cimetière, elles découvrent une tombe portant le…

Lundi 3 mai 1915

Contre attaque alliée Les brasseries de la région vont désormais être exploitées par les autorités allemandes. Le malt, déjà rare, devient presque introuvable… L’offensive allemande d’hier a été suivie d’une vigoureuse contre-attaque menée conjointement par les Zouaves, les Indous et les Belges. Plusieurs tranchées ennemies sont tombées entre leurs mains. Les Indous, particulièrement audacieux, n’ont pas hésité à se lancer dans des corps-à-corps redoutables. Un médecin anglais, ayant soigné près d’une centaine de blessés indous, rapporte un détail frappant : la plupart étaient atteints à la main droite, conséquence de leur tactique de combat. Ces soldats courageux sautaient dans les tranchées…

Mardi 4 mai 1915

Les attaques allemandes aux gaz semblent cesser Au bois de Ploegsteert, un premier sergent belge, interprète auprès du 3ᵉ corps anglais – 48ᵉ division, arrive. C’est l’auteur flamand Ernest Claes. Il loge dans une chambre au-dessus d’un cabaret. Il décrit le bois comme une forteresse pleine de sentiers couverts de planches, bordée de nombreux fortins et bunkers le long de l’allée principale. Depuis le village, il voit de nombreuses maisons détruites et l’église percée de grands trous. Son travail consiste surtout à se présenter chaque jour au major du régiment. Souvent, il doit aller à vélo chercher une bouteille de…

Mercredi 5 mai 1915

Un ambulancier tué À Messines, un obus tombe directement sur la station de pansements. Un ambulancier est tué. THE SECOND BATTLE OF YPRES, APRIL-MAY 1915 (Q 60495) A destroyed North Midland Farm, Messines Road, May 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205308057 À Hill 60, les Allemands lancent une attaque violente. C’est un massacre : les tranchées de liaison sont remplies de cadavres et les ambulanciers, couverts de sang, ramènent les blessés vers l’arrière. Les Anglais doivent reculer. On craint qu’Ypres tombe aux mains de l’ennemi. Des renforts anglais arrivent en autobus et se rassemblent au sud de Poperinghe, au Busseboom.…

Jeudi 6 mai 1915

Avance allemande au bois du Polygone Après des bombardements incessants, l’armée allemande progresse vers Zonnebeke et s’empare du bois du Polygone, ancien terrain d’exercice de l’armée belge. Les combats restent violents à Hill 60. Les Allemands inondent des tranchées anglaises de gaz toxiques, tuant vingt-deux soldats. Heureusement, ces derniers viennent de recevoir des protections : des bandeaux de flanelle imbibés d’hyposulfite de soude. Le vent tourne soudainement et repousse les gaz vers les Allemands, les mettant en fuite. Rapidement, ces bandeaux sont remplacés par des cagoules trempées dans une solution glycérinée pour mieux résister à de futures attaques. Respirator, Veil or…

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