Récit d’une attaque aux gaz

Le journal Nieuwe Rotterdamsche Courant décrit une attaque allemande aux gaz au nord du canal Ypres-Comines. Les Allemands ont installé deux batteries de cylindres dépassant des tranchées. Pendant une demi-heure, un nuage blanc de gaz se répand. Arrivé aux tranchées anglaises, il est si dense qu’on ne voit même plus sa propre main tendue. Le gaz décolore l’herbe et jaunit les sacs de sable devant les tranchées. Aucun assaut allemand ne suit. Les Alliés abandonnent un moment leurs positions le temps que le gaz se dissipe, puis ils les reprennent aussitôt.

Nieuwe Rotterdamsche Courant, Public domain, via Wikimedia Commons
Par précaution, les positions alliées sur les flancs tirent rapidement sur les tranchées allemandes pour prévenir une attaque. Mais ce n’est pas nécessaire : les Allemands sont eux aussi incommodés par le gaz.
Le capitaine William Boyd dirige une infirmerie près du mont Kemmel. Il se tient au milieu d’un magnifique parterre de jacinthes bleues sur le flanc du mont et aperçoit au loin les panaches de fumée au-dessus d’Ypres. Ce contraste le marque à jamais.
À la Côte 60, cette troisième attaque aux gaz fait cette fois deux victimes.
Victimes civiles :
- COISNE André, né à Warneton, le 9 octobre 1849. Décédé à Ploegsteert, âgé de 66 ans, aujourd’hui à 16 h. Ils habitent Saint-Yvon d’après la liste des électeurs de 1911-1912. Ils étaient probablement réfugiés à Ploegsteert.
- DELRUE Cyrille, né à Neuve-Eglise, le 22 juillet 1862. Décédé aujourd’hui à l’hôpital d’Armentières, à 17 h, âgé de 53 ans. Il a été grièvement blessé par un éclat d’obus alors qu’il était occupé de traire ses vaches au Rossignol. Les Anglais l’ont immédiatement conduit à l’hôpital d’Armentières.
- MENU Florent, né à Ploegsteert. Décédé ce jour à Ploegsteert à 6 h., âgé de 20 ans. Il buvait un verre au café de “La Belle Vue” (actuellement café du “Fond de l’Eau”) lorsque l’artillerie allemande se mit à bombarder la rue du Romarin où les Anglais avaient installé des canons. Comme sa fiancée Marie Keirle habitait cette rue, il voulut y aller et fut touché par un éclat d’obus. Il fut transporté par les Anglais, mais son frère Georges refusa de le laisser partir pour l’hôpital. Le Malheureux mourut sur place.