Calendrier de travail
Des puits verticaux en acier. Les lueurs reprennent dans la nuit, comme un sombre rappel que le front n’est jamais bien loin. La journée, en revanche, reste calme et lumineuse ; le beau temps persiste, et le ciel est sillonné de nombreux avions. Le général allemand Kranz, dépêché comme expert, remet ce jour un rapport où il recommande d’entreprendre des creusements à proximité immédiate du front. Il propose d’y enfoncer des puits verticaux préfabriqués en acier, mais ses supérieurs, estimant le secteur peu menacé, décident de laisser le dispositif s’inonder, notamment du côté de la riche rue. À Comines France,…
Avion français touché Beaucoup de lueurs de tous genres illuminent la nuit ; les projecteurs balaient le ciel au-dessus de la ville — spectacle saisissant. Dans l’obscurité, on entend le passage de gros canons en direction de Wervicq. Dès dix heures du matin, la canonnade se fait entendre vers La Bassée. Peu après, l’attaque semble se généraliser. Du côté de Warneton, où le feu d’artillerie est le plus dense, la fusillade devient perceptible dès midi. Les pièces allemandes bombardent tour à tour plusieurs localités voisines, à intervalles réguliers. Vers 12 h 30, un avion français survole Comines France. Arrivé au-dessus…
2 h 30 de bombardement La canonnade s’est poursuivie toute la nuit vers La Bassée. Ce matin, vers six heures, au jardin, le brouillard épaissit encore les sons : on croirait entendre la même canonnade, mais un peu plus à droite des clochers français. Puis, soudain, tout retombe dans un silence étrange. À Comines France, un avion allié a ouvert le feu sur la ville. Jusqu’ici, les appareils ne disposaient pas encore de petits canons embarqués : une nouvelle étape est franchie dans l’arsenal aérien. Le ciel devient lui aussi un champ de bataille. Vers seize heures, un fort coup…
Bombardement de la gare de Comines La nuit est d’une obscurité totale. Dans ce noir profond, les éclairs du front paraissent d’autant plus terrifiants. Par instants seulement, le canon et la fusillade troublent le silence. Vers une heure du matin, le canon allemand se met à bombarder avec insistance ; le sifflement des obus passe tout près, sinistre. On se réveille en sursaut, l’angoisse au ventre : les autres vont-ils répondre ?Impossible ensuite de trouver le sommeil. Vers treize heures quarante-cinq, les tirs ne viennent plus du mont Kemmel, mais de la direction de Warneton. C’est notre gare qui est…
Le 17ème Bavarois quitte Toute la nuit, la fusillade se fait entendre du côté de Gheluvelt.Le canon allemand tonne sans répit, et chacun s’interroge, anxieux : les obus vont-ils encore tomber sur nous ?Ceux qui habitent vers Warneton affirment que le combat y fut d’une grande violence. Pont Warneton – Fonds SHCW Au matin, un brouillard épais enveloppe la ville et ne se dissipe guère de la journée.Dans l’après-midi, enfin, le soleil perce, et l’on voit arriver plusieurs aéroplanes.Beaucoup s’attendaient encore à un bombardement, mais aucun obus ne tombe : nous en sommes quittes pour la peur. L’arrivée de troupes…
Le second groupe du 17ème Bavarois Cette nuit, le même remue-ménage que l’an dernier : des troupes arrivent, s’installent, cherchent du logement, fifres en tête — ce sont les Saxons. À peine installés, l’alarme retentit : départ précipité, agitation toute la nuit. Les 17ᵉ et 18ᵉ Bavarois quittent presque entièrement la ville, sauf l’artillerie. L’après-midi est plus calme. Une ordonnance est affichée : Interdiction de sortir entre 21 h et 7 h (heure allemande) ; Défense de circuler sur les voies ferrées ; En cas de sabotage, la peine de mort est prévue. Si les coupables ne sont pas identifiés,…
Les dernières heures de Georg Lill La nuit est calme. On parle du départ prochain de tous les Bavarois, qui seraient remplacés par les Saxons. La brasserie et la limonaderie Dumortier restent dans l’incertitude ; le service de nuit a été supprimé depuis dimanche. Dans la population civile, le mécontentement grandit à propos du ravitaillement. Comines-France se fournit sous le nom de Comines-Belgique et fait venir du bétail belge : huit bêtes à cornes sont arrivées, toutes réservées à Comines-France. Les habitants de Comines-Belgique se sont vu refuser cette viande. On annonce que les farines ne pourront désormais arriver que…
Le balais des troupes À part quelques fortes détonations, explosions et exercices de tir, la semaine est aussi calme qu’en temps de paix. Durant ce répit, un changement complet de troupes s’opère : les 17e et 18e régiments d’abord, suivis des 9e, 5e et 2e. En fin de semaine, il ne reste plus que l’artillerie, quelques réservistes, le secrétaire de la Kommandantur et quelques bureaux, notamment celui de la brasserie Dumortier. L’inspecteur de la brasserie garde le silence, mais les ouvriers et cabaretiers rapportent qu’il y a eu toute la semaine des ordres et contre-ordres de départ. On n’a brassé…
Echauffourées entre Saxons et Bavarois Le nouveau commandant de place — un hussard — est venu, accompagné de plusieurs officiers, visiter la brasserie Dumortier. Il ne prendra officiellement la direction de la ville que lundi. Aujourd’hui, on distribue de la bière à qui veut s’en procurer, toujours au même tarif de 21 marks la tonne. C’est un véritable défilé : cabaretiers, domestiques et ouvriers ainsi que ceux de chez Dumont passent la journée à vider les caves. Les troupes bavaroises quittent la ville. Elles sont remplacées par des troupes dites « volantes » — des Saxons de passage — et…
« Ah, maintenant vous êtes bientôt tous là… » Jour d’automne frais. Le bataillon du soldat Georg Lill reçoit l’ordre de quitter Comines pour le 23 octobre. Au front, les Anglais, ayant identifié leurs nouveaux adversaires, lancent aux Saxons une phrase moqueuse : « Ah, maintenant vous êtes bientôt tous là ; nous aussi, nous arrivons bientôt ! » Pendant ce temps, sur le plan international, l’Italie et la Russie déclarent à leur tour la guerre à la Bulgarie. La bataille de Loos-en-Gohelle, commencée le 25 septembre 1915, s’achève enfin ce jour. THE CANADIAN EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT 1914 -1918…
Pose de rails On pose désormais des rails pour des trams dans certaines rues de Comines, notamment en face du presbytère — signe que l’armée allemande poursuit l’aménagement de ses lignes logistiques locales. Exemple de Decauville / Commons Wikimedia – Public Domain Le même jour, une nouvelle ordonnance interdit formellement de recevoir des officiers dans les maisons sans autorisation écrite de la commandantur. Près de l’église, la construction de l’abri voisin de la sacristie continue. L’eau y a envahi la cave, la rendant impropre à servir de refuge pour les civils en cas de bombardement. Sur la Grand-Place de Comines France,…
Ils se séparent à contre-coeur de Comines Les nouveaux arrivants allemands s’installent progressivement dans la ville : les Prussiens prennent position au centre et au nord de Comines France, tandis que les Saxons occupent les quartiers de l’est et du sud. Mais la transition ne se fait pas sans heurts. Des échauffourées éclatent entre Saxons et Bavarois. Ces derniers, selon le témoignage de Georg Lill, quittent Comines à contre-cœur, profondément attachés à cette ville où ils auront vécu plus d’un an. Ils y laissent une empreinte considérable : conduites d’eau, électricité, baraquements, cuisines, jardins, stands de tir, voies ferrées étroites,…
Bonnes relations entre l’armée allemande et les civils À Comines, la présence militaire ne cesse de s’intensifier.De nouveaux hussards, vêtus cette fois de bleu, traversent la ville, rejoints par des chasseurs et des cuirassiers coiffés de leur couvre-nuque brillant. On n’a jamais vu autant de cavalerie dans les rues cominoises depuis le début de la guerre. Helmet, M1889 Prussian Kurassier NCOs (Einjährig-Freiwillige) (SW 5) (UNI 12674) Helmets of this superior quality were almost identical to those worn by officers (officers’ helmets differed by having fluted spikes, clover-leaf spike bases and chinscale bosses, and ‘stepped’ front peaks). A helmet of this…
Georg Lill quitte Comines Départ de Comines à midi, au son de la musique régimentaire, sous les regards d’une grande affluence de civils. À 15 h 30, départ de la gare de Wervicq en direction de Carvin. Ainsi se termine le parcours cominois de Georg Lill.1 Trois très longs trams, chargés à bloc de soldats armés, s’en vont pour le front dans le brouillard, via Bonaparte (Gaie Perche). Cortège sinistre : pas de lumière, seule une lanterne rouge se balance en queue de wagon. Dans tout cela, un mélange de cavaliers, de fantassins, d’ordonnances avec des malles et des couvertures,…
Les nouveaux arrivants s’installent dans tout Comines Grand va-et-vient dans la cité : les ordonnances arpentent les rues à la recherche du meilleur logement pour leurs officiers. Un calme étonnant règne du côté des canons ; cette accalmie inhabituelle intrigue les Cominois, presque inquiets de tant de silence. À 7 h du matin, un aumônier allemand célèbre la messe pour les catholiques à Comines France. À 8 h, les protestants se rassemblent à leur tour, avant que la grand-messe ne soit dite à 10 h. Au moment de leur départ, les Bavarois ont emporté nombre de meubles et d’objets, ce…
Création de la Croix de guerre belge On brasse aujourd’hui. Il a finalement été décidé que l’inspecteur resterait à la brasserie avec le personnel. On continuera à produire pour les Saxons présents à Comines, mais aussi pour les Bavarois partis vers Carvin et les environs : bière et limonades leur seront expédiées régulièrement. Entre Saxons et Bavarois, les tensions demeurent vives. Les échanges d’insultes ne sont pas rares, et parfois même des coups de feu éclatent. Hier soir, vers 22 heures, un tir a retenti à deux pas de la brasserie Dumortier : de quoi inquiéter tout le voisinage. Même…
Victoire française en Champagne Le canon et la fusillade se font de nouveau entendre durant la nuit, sans toutefois atteindre l’intensité des semaines précédentes. À la brasserie Dumortier, on constate encore des prélèvements : plusieurs carreaux de la serre ont été enlevés et l’on a pris des briquettes dans la cour, pourtant close, mais non verrouillée pendant la journée. Henry se rend auprès de l’inspecteur pour déposer plainte. Celui-ci pense d’abord que les Saxons sont les responsables. Concernant l’abattage du bouleau des jours derniers, il précise que le soldat fautif a été privé de sa solde pour une semaine (un…
Comines est encombrée de militaires À Wervicq, on trouve encore de la viande en quantité et de belle qualité, à des prix raisonnables, ce qui contraste nettement avec Comines. Vers 18 heures, le canon et la fusillade se font nettement entendre du côté de Zandvoorde. Les projecteurs balaient le ciel. La soirée est sombre, la pluie tombe. Aux alentours de 19 heures, des obus partis de Saint-Éloi s’abattent du côté de Ten-Brielen. Le fracas est tel qu’un instant, on craint que Comines ne soit visée à son tour. Jamais depuis le début de la guerre on n’avait vu autant de…
En France, incorporation de la classe 1917 La nuit dernière a été assez animée : fusillades et lueurs au loin.Aujourd’hui encore, le canon gronde et des obus éclatent en direction de Warneton. Soldats allemands Rue d’Ypres Warneton – Fonds SHCWR Sur le front allié, du côté de Dickebusch, les artilleurs belges viennent appuyer les Anglais. Leur précision est remarquée et appréciée. Contrairement aux soldats britanniques, les Belges obtiennent rarement des permissions, la proximité du front ne le permettant guère. Lorsqu’un congé est accordé, certains en profitent pour passer jusque sur le sol anglais avant de revenir à leur batterie. Les…
Un nouveau commandant Wesphalien Depuis quelques jours, un temps de chien s’abat sur la région : vent, pluie, froid. L’hiver s’installe, et chacun se demande avec inquiétude ce qu’il nous réserve encore. Les prix flambent : les œufs sont à cinq sous, le beurre à sept francs. Quant au savon noir, il est soit introuvable, soit d’une qualité déplorable.Et toujours la même question revient, amère et lasse : quand donc cette tuerie prendra-t-elle fin ? Aujourd’hui, nous allons à plusieurs visiter la fabrique d’Ennetières, à Comines-France. Le spectacle est désolant : métiers rouillés, matières premières piétinées, brûlées, déchiquetées ; des…
Des nouvelles troupes arrivent Arrivée de nouveaux soldats à Comines.Le calme relatif se prolonge : peu d’obus tombent sur la ville ces derniers jours. Un prisonnier anglais est conduit sous escorte à travers les rues, spectacle silencieux mais remarqué.Dans la population, une rumeur circule : un déserteur allemand aurait été exécuté à Comines. Rien n’est confirmé, mais la nouvelle se répand vite. À la brasserie, semaine presque entière sans travail, hormis le lundi. Un maçon a été réquisitionné pour réparer le générateur. Aujourd’hui, la machine tourne pour laver une vingtaine de tonnes. Le mulet sert aux déplacements vers Bousbecque et…
Encore de nouveaux soldats Journée calme sauf quelques explosions. A l’église, les paroissiens cominois doivent attendre la fin d’un office protestant pour suivre la grand-messe. Les gens s’étonnent de voir distribuer une « communion » à des soldats massés dans le choeur par un grand pasteur en manteau noir et rabat, genre rédemptoriste.Un orchestre encombre la petite nef. Photo allemande de l’église de Comines Belgique – Fonds SHCWR A l’issue de l’office protestant, on asperge de l’eau bénite afin de purifier l’église. A 16h, enterrement de Madame Auguste Lemenu; il y a un monde fou, beaucoup profitant de la circonstance pour aller…
Les fidèles sont là Il pleut. Le vent souffle dans les cheminées, les feuilles tourbillonnent sur les pavés humides. Le matin, les fidèles se pressent dans la petite chapelle, trop étroite pour accueillir tout le monde en ce jour de Toussaint. L’après-midi, nous devons nous rendre à Comines France pour les Vêpres, l’église n’étant ouverte aux habitants que pour quelques heures. Aucun protestant aujourd’hui dans l’église : « Il n’y a pas de saint pour eux », glisse une paroissienne, avec l’assurance tranquille de celles qui répètent un dicton plutôt qu’un jugement. Eglise Comines-Belgique – Fonds SHCWR C’est bien la…
Le tableau de Louis Lambin disparait. Les soldats bavarois continuent à brasser : cette semaine, ils réaliseront trois brassins.L’officier-inspecteur nous prévient que la brasserie passera bientôt entre les mains des Prussiens. La viande devient introuvable. Toute la semaine, nous nous contentons de conserves. Lorsque, par chance, un peu de viande circule, son prix est exorbitant : 6 francs le kilo. Le beurre se vend 7,25 francs, les œufs 0,25 franc pièce. Le lait est médiocre et le pain manque de levain. À l’Hôtel de Ville, il arrive qu’on distribue du sain-doux, mais chaque fois cela provoque une véritable cohue, et…
L’heure c’est l’heure Tous ceux qui se rendaient à la chapelle pour la messe de 7 heures durent rebrousser chemin ou attendre au pied du pont : la sentinelle ne laissait passer personne avant l’heure exacte. Pont Comines – Fonds SHCWR C’est la Saint-Hubert. Chacun se rend à l’office avec un morceau de pain dans la poche, selon la coutume. Depuis quelques jours, on voit parfois passer un ou deux prisonniers anglais ou canadiens, encadrés et silencieux. Les Bavarois expédient cinquante tonnes de bière de la brasserie Dumortier pour ravitailler leurs troupes stationnées à Carvin. Louis doit aller chercher des…
Calme Tout est relativement calme. Jean Dumoirtier, brasseur à Comines France, est prévenu par une lettre du commandant de place : sa brasserie devra être mise à la disposition de la 117ᵉ division à partir de demain. Une visite des lieux est effectuée, et l’ordre est clair : il doit céder l’établissement dans l’état où il se trouve, tout en gardant la possibilité de disposer des marchandises — privilège qui, à nous, n’avait pas été accordé. Publicité. Dumortier, Froidure,De Wulf (brasseurs) rue d’Armentières à Comines France – Fonds SHCWR Jean entreprend alors des démarches avec Dehaene et Lambin pour éviter…
Le Mai-Cornet est bombardé Funérailles d’Alphonse Coppin à 8 h 30.C’est, en vérité, un enterrement presque civil, comme tant d’autres en ces temps de guerre : pas de messe, et le cortège se rend sans prêtre jusqu’à la sacristie. Là seulement, un vicaire prend la tête du cortège et conduit le défunt jusqu’au cimetière.La chapelle ardente était belle, simple et digne. Il y avait beaucoup de monde : presque tous les réfugiés de Warneton étaient présents, silencieux et recueillis. Cimetière Comines Belgique et soldats allemands – Fonds SHCWR Toute la journée, de fortes détonations retentissent : essais de grenades. Au…
Viande à volonté aujourd’hui. Jean Dumortier apprend que sa brasserie ne sera finalement pas occupée. Un arrangement est trouvé entre Prussiens, Saxons et Bavarois : ces derniers continueront à brasser chez Dumont et chez Dumortier Henry pour l’ensemble des troupes. Les obus tombés hier ont tué un cheval et un taureau. Aujourd’hui, on trouve donc de la viande en abondance dans les boucheries ; il faut en profiter, car bien souvent, il n’y en a pas. Parfois, seule la viande de cheval demeure accessible. NDLR : Cette image a été prise au Mai Cornet en 1917 mais illustre bien la…
Recevoir des obus. Depuis hier, un combat acharné se poursuit sur tout le front. Le canon gronde sans cesse, et l’on distingue nettement mitrailleuses et fusillades. Le soir venu, on croit reconnaître le bombardement d’une ville par les Allemands, ce qui laisse craindre que des obus puissent atteindre Comines. Près de Messines, un raid de tranchée est mené par des troupes canadiennes. À la suite de cette action, le lieutenant Alexander Robertson reçoit la Médaille de Conduite distinguée. La plaque de cuivre sur ce fusil militaire à verrou allemand indique que le lieutenant Alexander Robertson s’en est emparé au cours…
Le gare est bombardée Le combat continue avec la même intensité. À la brasserie Dumortier, on annonce que les brassins seront désormais très fréquents. Dans l’après-midi, vers 16 h 30, six ou sept obus tombent près de la voie ferrée, du côté de la ferme Bonte. Ils ne causent que peu de dégâts, mais chaque arrivée d’obus pousse de nombreux habitants à se réfugier dans les caves, surtout dans les quartiers les plus exposés. À Comines-France, le charbon est désormais rationné : cinquante kilos par semaine, lorsque l’on parvient encore à en obtenir. Une triste nouvelle nous parvient de Dickebusch…
Lueurs la nuit. La nuit est encore marquée par de nombreuses lueurs sur l’horizon. Dans la journée, le canon continue de gronder. À cela s’ajoutent des essais de grenades, si violents qu’on pourrait les confondre avec des explosions d’obus. On raconte qu’à Houthem, ces derniers jours, un obus aurait frappé une maison, tuant une femme, cinq enfants et dix-huit soldats qui s’y trouvaient. Kemmel subit également un bombardement sévère : rien que sur la place, on aurait compté soixante-six projectiles. THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 56716) 18-pounder gun in the Ordnance Shops, Armentieres, after a…
Déclarer son vin. Le combat se poursuit, sans répit. Ce matin, les ouvriers de la brasserie Dumortier ont été renvoyés. Ils sont remplacés par trois Saxons, qui travailleront désormais avec les Bavarois. Les soldats utilisent la charrette et le mulet sans faire appel au personnel civil. Un avis est affiché : toute personne possédant du vin doit en faire la déclaration dans la journée, sous peine d’une amende pouvant atteindre 1.000 francs. La déclaration la plus importante est celle de César Schoutteten, qui en déclare 1.600 bouteilles. Le fils Vuylsteke, zingueur, a été condamné à huit jours de prison pour…
Des bombardements Le combat se poursuit sans relâche sur l’ensemble du front.La nuit, l’artillerie allemande bombarde à intervalles réguliers, toutes les quelques minutes.Le temps est pourtant d’une grande clarté, ce qui explique le nombre d’aéroplanes dans le ciel : parfois quatre à la fois. On tire beaucoup sur eux, et pendant près d’une heure, le vacarme est continu.Dans la journée, plusieurs obus tombent encore : un vers 10 h 30, cinq entre 13 h et 13 h 30, puis douze entre 17 h et 18 h, visant la gare et la place du Rond-Point. L’un d’eux explose dans la petite…
Dégâts importants. Le combat se poursuit avec la même intensité, et l’inquiétude d’un bombardement plus sévère reste présente. Quand donc ces angoisses prendront-elles fin ? Les dégâts causés par les obus tombés hier sont considérables.Une maison de la rue Neuve est en partie démolie. Quatre jeunes gens belges ont été arrêtés et emprisonnés, accusés d’espionnage. Dans le journal hollandais De Telegraaf, on lit que l’état-major allemand ne croit plus possible la prise de Calais. Pendant ce temps, au camp de Beverloo, on entraîne de nouvelles recrues ; certaines n’ont pas plus de seize ans. Public domain – Creative Commons -…
Des civils tués Toujours le canon la nuit, et le bombardement par les Allemands : on entend le coup de départ, rapproché, suivi du long sifflement de l’obus qui décroît peu à peu avant l’éclatement au loin, vers Poperinghe ou Armentières. Vers 16h30, un formidable bombardement s’abat sur Comines. Deux obus éclatent presque simultanément sur la place de Comines-Belgique, un autre derrière le presbytère. Les vitres volent en éclats, un projectile atteint la maison de Pierre Kesteloot, à quelques mètres seulement de la cure. Deux civils sont tués à Comines-Belgique, parmi eux Monsieur Butin, industriel de Comines-France, ainsi que deux…
Nouveaux bombardements Nuit presque blanche : les Allemands ont de nouveau bombardé, et chacun s’attend à la riposte.Un obus est tombé dans le tir à l’arc de l’estaminet, à une quinzaine de mètres seulement de la brasserie Dumortier. L’explosion a creusé un cratère d’un mètre soixante de profondeur sur trois à quatre mètres de diamètre, renversant le mur du jardin sur une dizaine de mètres et projetant au loin briques, tuiles et branchages. Un autre obus est tombé non loin de la place, soulevant les pavés jusque dans les jardins des maisons Wyseur et voisines. D’autres projectiles ont encore frappé…
C’est trop dangereux en rue On a à peine osé se coucher : les Allemands ont de nouveau bombardé durant la nuit.La matinée, pourtant, reste calme. Il gèle fortement et le ciel clair attire plusieurs avions qui, près du Vieil-Dieu, larguent des bombes. Dès midi, la cave à la brasserie Dumortier se remplit de civils. On finit par en interdire l’accès : on étouffe à force d’être serrés les uns contre les autres. Vers 16h30, un premier obus éclate. Le choc est effrayant. Les suivants s’enchaînent sans répit.À un moment, des lueurs aperçues par les lucarnes laissent deviner un incendie…
27 trous La journée est relativement calme. Les funérailles des victimes de samedi attirent une foule immense. Monsieur le Doyen prononce des paroles d’une grande dignité, et beaucoup ne peuvent retenir leurs larmes. Le souvenir de cette cérémonie restera gravé longtemps. À l’hospice reposent les corps découverts la veille. La vision est possible, mais difficile à soutenir ; les dépouilles les plus mutilées ont été recouvertes d’un drap. Les autorités permettent désormais aux civils de s’inscrire pour être évacués. L’idée de tout abandonner est douloureuse, mais la préservation de la vie prime sur le reste. Dès 10 heures, la cave…
Le parc Pionniers est visé En allant à la messe, on apprend et on constate les dégâts causés par les obus d’hier soir. L’un a traversé de part en part la maison Jonckeere, bijoutier ; un autre est tombé en face de la cure et a provoqué des ravages incroyables aux habitations des deux côtés. Un obus est tombé derrière la maison du notaire, un autre derrière le jardin Wyseur, et un dernier en face du cimetière. Le pire, c’est que l’hiver est là : il gèle assez fort, et partout les maisons manquent de carreaux. Parc Pionnier Eglise Comines-Belgique…
Un grand caveau Belle gelée. Enterrement des victimes de la catastrophe de Gathem. Par ordre du commandant de place, nous sommes forcés de célébrer la cérémonie à l’église de Comines-France à 7 h 15 ; c’est le clergé belge qui officie. De toute façon, il serait impossible de placer dix cercueils dans notre chapelle. Une grande foule est présente, les autorités en tête. Sont présents : Monsieur le Doyen Charles Lamstaes ; Monsieur Auguste Van Elslande, conseiller provincial ; ainsi que les autorités cominoises : Jules Vander Mersch, bourgmestre ; Henri Lannoy et Émile Roussel, échevins ; Léon Berghe, Albert…
La garde impériale est bombardée Contrairement aux autres nuits, les Allemands n’ont pas bombardé. Il fait excessivement froid et il a gelé très fort. On commence un second abri près de l’église, entre la sacristie et l’abri déjà existant. Vers 11 h 30, des obus étaient tombés sur une fabrique de Comines-France, où était logée la garde impériale arrivée la veille. C’était l’heure de la soupe. Beaucoup de soldats ont été tués. Un ouvrier de Comines-Belgique, qui passait à ce moment-là, a été tué également. Un nouveau bombardement commence. Des obus tombent vers midi et 14 h 30. Vers 14…
Au tour du Corentje Il fait encore un froid mordant. Ce n’est plus vivre que nous faisons : ls maisons sont pleines de courants d’air, et tous, grands comme petits, sont enrhumés et souffrent de la gorge. À tout moment, il faut courir à la cave, dans un air empesté par le trop grand nombre d’occupants. Avant-hier, une femme, saisie par l’émotion, s’était oubliée complètement dans la cave ; d’autres faisaient envoyer leurs enfants uriner dans le trou de drainage ; une femme est tombée malade et, après deux heures d’efforts pour la ranimer, a dû être transportée chez elle.…
On prie Il gèle très fort et le vent souffle du nord. Les obus d’hier sont tombés derrière la gare, vers le Corentje et les Cinq-Chemins.À tous les offices, on consacre la paroisse à la Sainte Vierge, à la demande d’un certain nombre de paroissiens, vu le danger toujours croissant qui menace Comines. Vierge Comines Belgique – Fonds SHCWR Toute l’après-midi, le monde se tient dans les caves : avec le temps clair, on craint les avions, mais, contrairement à hier, il n’en vient pas. On entend aujourd’hui le canon vers La Bassée et Gheluvelt. Le receveur de la gare…
Séparation des deux Comines On se sent un peu plus à l’aise, puisqu’il n’est pas tombé d’obus hier. Les quartiers de la gare, de la rue Neuve, du Sentier et même de la rue de Wervicq sont abandonnés ; on ne voit que des déménagements vers Comines-France ou le Godshuis. La gare est transférée au Godshuis et les déchargements se font désormais en grande partie à Comines-France. Il est à craindre que bientôt les obus atteignent aussi ces environs. En attendant, la journée demeure calme ; un grand brouillard couvre tout. Godshuis Comines – Fonds SHCWR On dit que les…
Ne pas aller dormir trop vite. Le temps se met à la pluie. Aujourd’hui, le canon gronde avec force durant toute la journée ; dans l’après-midi, il semble que les Allemands reprennent leurs bombardements. Le soir, ils tirent à nouveau, cette fois sans doute possible, et nous n’osons pas aller dormir trop tôt, car il faut s’attendre à recevoir bientôt des obus. À Comines-France, on vend du saindoux, de la morue et du hareng à l’Étoile. L’après-midi, on enterre onze soldats allemands ; deux compagnies suivent la procession au pas, rythmées par l’éternelle marche de Chopin. Les garnisons la sifflotent…
Trois civils tués. Quelques fortes détonations de grenades résonnent ; le combat continue, et vers 11 h, les obus sifflent, une dizaine filant vers la France. Le temps s’éclaircit et quelques aéronefs apparaissent. On apprend que trois civils ont été tués hier, plusieurs autres blessés, et qu’une cinquantaine de soldats ont perdu la vie en se rendant à la cantine près du « Beau Jardin ». Le bombardement a frappé l’usine Schoutteten, rue Gambetta. Un obus est tombé rue de la Gare, près du magasin communal, un autre rue Carnot, un autre encore chez Leroy. Les soldats allemands de la…
Il gèle et neige. Il gèle et il neige. Les gens continuent de descendre dans les caves, où ils prennent leurs repas et passent une bonne partie de la journée. L’après-midi, quelques aéronefs apparaissent, mais aucun obus ne tombe. Le soir venu, le canon gronde avec force ; de violentes explosions retentissent du côté de Gheluvelt, et l’on hésite presque à aller se coucher. À Comines France, on poursuit les soins aux blessés de la tragédie d’hier, tandis que l’on dresse le triste bilan : Allemands, Français et quelques Belges… on compte près de quarante morts. Certains blessés sont évacués…
Impossible de fermer l’œil. Il est impossible de fermer l’œil de la nuit tant le canon tonne ; les maisons tremblent au point que l’on craint pour les fenêtres.Vers le matin, le calme renaît. Jusqu’à présent, la Commandantur belge ne fonctionne que pour les militaires, mais à partir de lundi, elle prendra aussi en charge les civils. Les demandes d’évacuation des Belges restent sans réponse. Une douzaine de Français ont toutefois pu partir aujourd’hui pour Roubaix, mais sans leur mobilier. À Comines France, l’artillerie allemande tire sur Hooghe, lançant des coups d’une violence extrême vers seize heures. À midi, une…
C’est plus une vie. Aujourd’hui, une gelée s’installe, et le temps se dégage par moments. À Comines France, les habitants se terrent dans les caves. Des obus tombent au coin de la rue du Viel-Dieu et de la Procession, et trois civils sont blessés. Les dégâts sont immenses : chez Louis De Wulf, ils frôlent l’asphyxie dans leur cave ; les maisons d’en face sont touchées également ; près de Ducarin, à l’usine Charles Catteau, rue Neuve, chez Jules Parent… partout, le chaos s’étend.En Belgique, un obus tombe près du « Duc de Brabant » et un autre au parc…
Il fait – 7° Le combat sur le front reste d’une violence extrême. Le froid est mordant : le thermomètre descend à –7°. La soirée d’hier s’est déroulée sans obus, et la matinée s’écoule dans un calme fragile. Mais vers quatorze heures, quelques obus sifflent, accompagnés d’aéronefs qui circulent au-dessus de la ville. À quinze heures, les tirs reprennent : cette fois, le départ de chaque obus ressemble à une explosion, alors qu’habituellement on n’entend qu’un coup sec. L’obus passe presque aussitôt ici, et son passage se fait en saccades plutôt qu’en sifflement. Tous visent Comines France : les environs…
