Calendrier de travail
Des puits verticaux en acier. Les lueurs reprennent dans la nuit, comme un sombre rappel que le front n’est jamais bien loin. La journée, en revanche, reste calme et lumineuse ; le beau temps persiste, et le ciel est sillonné de nombreux avions. Le général allemand Kranz, dépêché comme expert, remet ce jour un rapport où il recommande d’entreprendre des creusements à proximité immédiate du front. Il propose d’y enfoncer des puits verticaux préfabriqués en acier, mais ses supérieurs, estimant le secteur peu menacé, décident de laisser le dispositif s’inonder, notamment du côté de la riche rue. À Comines France,…
Avion français touché Beaucoup de lueurs de tous genres illuminent la nuit ; les projecteurs balaient le ciel au-dessus de la ville — spectacle saisissant. Dans l’obscurité, on entend le passage de gros canons en direction de Wervicq. Dès dix heures du matin, la canonnade se fait entendre vers La Bassée. Peu après, l’attaque semble se généraliser. Du côté de Warneton, où le feu d’artillerie est le plus dense, la fusillade devient perceptible dès midi. Les pièces allemandes bombardent tour à tour plusieurs localités voisines, à intervalles réguliers. Vers 12 h 30, un avion français survole Comines France. Arrivé au-dessus…
2 h 30 de bombardement La canonnade s’est poursuivie toute la nuit vers La Bassée. Ce matin, vers six heures, au jardin, le brouillard épaissit encore les sons : on croirait entendre la même canonnade, mais un peu plus à droite des clochers français. Puis, soudain, tout retombe dans un silence étrange. À Comines France, un avion allié a ouvert le feu sur la ville. Jusqu’ici, les appareils ne disposaient pas encore de petits canons embarqués : une nouvelle étape est franchie dans l’arsenal aérien. Le ciel devient lui aussi un champ de bataille. Vers seize heures, un fort coup…
Bombardement de la gare de Comines La nuit est d’une obscurité totale. Dans ce noir profond, les éclairs du front paraissent d’autant plus terrifiants. Par instants seulement, le canon et la fusillade troublent le silence. Vers une heure du matin, le canon allemand se met à bombarder avec insistance ; le sifflement des obus passe tout près, sinistre. On se réveille en sursaut, l’angoisse au ventre : les autres vont-ils répondre ?Impossible ensuite de trouver le sommeil. Vers treize heures quarante-cinq, les tirs ne viennent plus du mont Kemmel, mais de la direction de Warneton. C’est notre gare qui est…
Le 17ème Bavarois quitte Toute la nuit, la fusillade se fait entendre du côté de Gheluvelt.Le canon allemand tonne sans répit, et chacun s’interroge, anxieux : les obus vont-ils encore tomber sur nous ?Ceux qui habitent vers Warneton affirment que le combat y fut d’une grande violence. Pont Warneton – Fonds SHCW Au matin, un brouillard épais enveloppe la ville et ne se dissipe guère de la journée.Dans l’après-midi, enfin, le soleil perce, et l’on voit arriver plusieurs aéroplanes.Beaucoup s’attendaient encore à un bombardement, mais aucun obus ne tombe : nous en sommes quittes pour la peur. L’arrivée de troupes…
Le second groupe du 17ème Bavarois Cette nuit, le même remue-ménage que l’an dernier : des troupes arrivent, s’installent, cherchent du logement, fifres en tête — ce sont les Saxons. À peine installés, l’alarme retentit : départ précipité, agitation toute la nuit. Les 17ᵉ et 18ᵉ Bavarois quittent presque entièrement la ville, sauf l’artillerie. L’après-midi est plus calme. Une ordonnance est affichée : Interdiction de sortir entre 21 h et 7 h (heure allemande) ; Défense de circuler sur les voies ferrées ; En cas de sabotage, la peine de mort est prévue. Si les coupables ne sont pas identifiés,…
Les dernières heures de Georg Lill La nuit est calme. On parle du départ prochain de tous les Bavarois, qui seraient remplacés par les Saxons. La brasserie et la limonaderie Dumortier restent dans l’incertitude ; le service de nuit a été supprimé depuis dimanche. Dans la population civile, le mécontentement grandit à propos du ravitaillement. Comines-France se fournit sous le nom de Comines-Belgique et fait venir du bétail belge : huit bêtes à cornes sont arrivées, toutes réservées à Comines-France. Les habitants de Comines-Belgique se sont vu refuser cette viande. On annonce que les farines ne pourront désormais arriver que…
Le balais des troupes À part quelques fortes détonations, explosions et exercices de tir, la semaine est aussi calme qu’en temps de paix. Durant ce répit, un changement complet de troupes s’opère : les 17e et 18e régiments d’abord, suivis des 9e, 5e et 2e. En fin de semaine, il ne reste plus que l’artillerie, quelques réservistes, le secrétaire de la Kommandantur et quelques bureaux, notamment celui de la brasserie Dumortier. L’inspecteur de la brasserie garde le silence, mais les ouvriers et cabaretiers rapportent qu’il y a eu toute la semaine des ordres et contre-ordres de départ. On n’a brassé…
Echauffourées entre Saxons et Bavarois Le nouveau commandant de place — un hussard — est venu, accompagné de plusieurs officiers, visiter la brasserie Dumortier. Il ne prendra officiellement la direction de la ville que lundi. Aujourd’hui, on distribue de la bière à qui veut s’en procurer, toujours au même tarif de 21 marks la tonne. C’est un véritable défilé : cabaretiers, domestiques et ouvriers ainsi que ceux de chez Dumont passent la journée à vider les caves. Les troupes bavaroises quittent la ville. Elles sont remplacées par des troupes dites « volantes » — des Saxons de passage — et…
« Ah, maintenant vous êtes bientôt tous là… » Jour d’automne frais. Le bataillon du soldat Georg Lill reçoit l’ordre de quitter Comines pour le 23 octobre. Au front, les Anglais, ayant identifié leurs nouveaux adversaires, lancent aux Saxons une phrase moqueuse : « Ah, maintenant vous êtes bientôt tous là ; nous aussi, nous arrivons bientôt ! » Pendant ce temps, sur le plan international, l’Italie et la Russie déclarent à leur tour la guerre à la Bulgarie. La bataille de Loos-en-Gohelle, commencée le 25 septembre 1915, s’achève enfin ce jour. THE CANADIAN EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT 1914 -1918…
Pose de rails On pose désormais des rails pour des trams dans certaines rues de Comines, notamment en face du presbytère — signe que l’armée allemande poursuit l’aménagement de ses lignes logistiques locales. Exemple de Decauville / Commons Wikimedia – Public Domain Le même jour, une nouvelle ordonnance interdit formellement de recevoir des officiers dans les maisons sans autorisation écrite de la commandantur. Près de l’église, la construction de l’abri voisin de la sacristie continue. L’eau y a envahi la cave, la rendant impropre à servir de refuge pour les civils en cas de bombardement. Sur la Grand-Place de Comines France,…
Ils se séparent à contre-coeur de Comines Les nouveaux arrivants allemands s’installent progressivement dans la ville : les Prussiens prennent position au centre et au nord de Comines France, tandis que les Saxons occupent les quartiers de l’est et du sud. Mais la transition ne se fait pas sans heurts. Des échauffourées éclatent entre Saxons et Bavarois. Ces derniers, selon le témoignage de Georg Lill, quittent Comines à contre-cœur, profondément attachés à cette ville où ils auront vécu plus d’un an. Ils y laissent une empreinte considérable : conduites d’eau, électricité, baraquements, cuisines, jardins, stands de tir, voies ferrées étroites,…
Bonnes relations entre l’armée allemande et les civils À Comines, la présence militaire ne cesse de s’intensifier.De nouveaux hussards, vêtus cette fois de bleu, traversent la ville, rejoints par des chasseurs et des cuirassiers coiffés de leur couvre-nuque brillant. On n’a jamais vu autant de cavalerie dans les rues cominoises depuis le début de la guerre. Helmet, M1889 Prussian Kurassier NCOs (Einjährig-Freiwillige) (SW 5) (UNI 12674) Helmets of this superior quality were almost identical to those worn by officers (officers’ helmets differed by having fluted spikes, clover-leaf spike bases and chinscale bosses, and ‘stepped’ front peaks). A helmet of this…
Georg Lill quitte Comines Départ de Comines à midi, au son de la musique régimentaire, sous les regards d’une grande affluence de civils. À 15 h 30, départ de la gare de Wervicq en direction de Carvin. Ainsi se termine le parcours cominois de Georg Lill.1 Trois très longs trams, chargés à bloc de soldats armés, s’en vont pour le front dans le brouillard, via Bonaparte (Gaie Perche). Cortège sinistre : pas de lumière, seule une lanterne rouge se balance en queue de wagon. Dans tout cela, un mélange de cavaliers, de fantassins, d’ordonnances avec des malles et des couvertures,…
Les nouveaux arrivants s’installent dans tout Comines Grand va-et-vient dans la cité : les ordonnances arpentent les rues à la recherche du meilleur logement pour leurs officiers. Un calme étonnant règne du côté des canons ; cette accalmie inhabituelle intrigue les Cominois, presque inquiets de tant de silence. À 7 h du matin, un aumônier allemand célèbre la messe pour les catholiques à Comines France. À 8 h, les protestants se rassemblent à leur tour, avant que la grand-messe ne soit dite à 10 h. Au moment de leur départ, les Bavarois ont emporté nombre de meubles et d’objets, ce…
Création de la Croix de guerre belge On brasse aujourd’hui. Il a finalement été décidé que l’inspecteur resterait à la brasserie avec le personnel. On continuera à produire pour les Saxons présents à Comines, mais aussi pour les Bavarois partis vers Carvin et les environs : bière et limonades leur seront expédiées régulièrement. Entre Saxons et Bavarois, les tensions demeurent vives. Les échanges d’insultes ne sont pas rares, et parfois même des coups de feu éclatent. Hier soir, vers 22 heures, un tir a retenti à deux pas de la brasserie Dumortier : de quoi inquiéter tout le voisinage. Même…
Victoire française en Champagne Le canon et la fusillade se font de nouveau entendre durant la nuit, sans toutefois atteindre l’intensité des semaines précédentes. À la brasserie Dumortier, on constate encore des prélèvements : plusieurs carreaux de la serre ont été enlevés et l’on a pris des briquettes dans la cour, pourtant close, mais non verrouillée pendant la journée. Henry se rend auprès de l’inspecteur pour déposer plainte. Celui-ci pense d’abord que les Saxons sont les responsables. Concernant l’abattage du bouleau des jours derniers, il précise que le soldat fautif a été privé de sa solde pour une semaine (un…
Comines est encombrée de militaires À Wervicq, on trouve encore de la viande en quantité et de belle qualité, à des prix raisonnables, ce qui contraste nettement avec Comines. Vers 18 heures, le canon et la fusillade se font nettement entendre du côté de Zandvoorde. Les projecteurs balaient le ciel. La soirée est sombre, la pluie tombe. Aux alentours de 19 heures, des obus partis de Saint-Éloi s’abattent du côté de Ten-Brielen. Le fracas est tel qu’un instant, on craint que Comines ne soit visée à son tour. Jamais depuis le début de la guerre on n’avait vu autant de…
En France, incorporation de la classe 1917 La nuit dernière a été assez animée : fusillades et lueurs au loin.Aujourd’hui encore, le canon gronde et des obus éclatent en direction de Warneton. Soldats allemands Rue d’Ypres Warneton – Fonds SHCWR Sur le front allié, du côté de Dickebusch, les artilleurs belges viennent appuyer les Anglais. Leur précision est remarquée et appréciée. Contrairement aux soldats britanniques, les Belges obtiennent rarement des permissions, la proximité du front ne le permettant guère. Lorsqu’un congé est accordé, certains en profitent pour passer jusque sur le sol anglais avant de revenir à leur batterie. Les…
Un nouveau commandant Wesphalien Depuis quelques jours, un temps de chien s’abat sur la région : vent, pluie, froid. L’hiver s’installe, et chacun se demande avec inquiétude ce qu’il nous réserve encore. Les prix flambent : les œufs sont à cinq sous, le beurre à sept francs. Quant au savon noir, il est soit introuvable, soit d’une qualité déplorable.Et toujours la même question revient, amère et lasse : quand donc cette tuerie prendra-t-elle fin ? Aujourd’hui, nous allons à plusieurs visiter la fabrique d’Ennetières, à Comines-France. Le spectacle est désolant : métiers rouillés, matières premières piétinées, brûlées, déchiquetées ; des…
Des nouvelles troupes arrivent Arrivée de nouveaux soldats à Comines.Le calme relatif se prolonge : peu d’obus tombent sur la ville ces derniers jours. Un prisonnier anglais est conduit sous escorte à travers les rues, spectacle silencieux mais remarqué.Dans la population, une rumeur circule : un déserteur allemand aurait été exécuté à Comines. Rien n’est confirmé, mais la nouvelle se répand vite. À la brasserie, semaine presque entière sans travail, hormis le lundi. Un maçon a été réquisitionné pour réparer le générateur. Aujourd’hui, la machine tourne pour laver une vingtaine de tonnes. Le mulet sert aux déplacements vers Bousbecque et…
Encore de nouveaux soldats Journée calme sauf quelques explosions. A l’église, les paroissiens cominois doivent attendre la fin d’un office protestant pour suivre la grand-messe. Les gens s’étonnent de voir distribuer une « communion » à des soldats massés dans le choeur par un grand pasteur en manteau noir et rabat, genre rédemptoriste.Un orchestre encombre la petite nef. Photo allemande de l’église de Comines Belgique – Fonds SHCWR A l’issue de l’office protestant, on asperge de l’eau bénite afin de purifier l’église. A 16h, enterrement de Madame Auguste Lemenu; il y a un monde fou, beaucoup profitant de la circonstance pour aller…
Les fidèles sont là Il pleut. Le vent souffle dans les cheminées, les feuilles tourbillonnent sur les pavés humides. Le matin, les fidèles se pressent dans la petite chapelle, trop étroite pour accueillir tout le monde en ce jour de Toussaint. L’après-midi, nous devons nous rendre à Comines France pour les Vêpres, l’église n’étant ouverte aux habitants que pour quelques heures. Aucun protestant aujourd’hui dans l’église : « Il n’y a pas de saint pour eux », glisse une paroissienne, avec l’assurance tranquille de celles qui répètent un dicton plutôt qu’un jugement. Eglise Comines-Belgique – Fonds SHCWR C’est bien la…
