Une seule bombe par avion

Depuis 22 h hier soir et jusque tard dans la nuit, un formidable duel d’artillerie se déroule vers Warneton-France. Les détonations paraissent si proches qu’il est impossible de dormir. À bout de forces après les événements de la nuit précédente, on finit par sombrer dans un sommeil court et agité.

Les enfants toussent beaucoup. Le docteur Vouters n’hésite pas à diagnostiquer la coqueluche.

Vers 12 h 30, la cabaretière de « À la Fontaine » annonce l’arrivée d’une quinzaine d’aéroplanes alliés. Peu après 13 h, on en compte jusqu’à dix-huit au-dessus de Comines — certaines notes évoquent dix-sept appareils. C’est la première fois que des bombes sont larguées sur la ville. Désormais, il ne faut plus seulement craindre le canon, mais aussi l’aviation. Chaque appareil ne transporte encore qu’une seule bombe.

Les dix-huit avions larguent leurs projectiles, dont trois n’explosent pas. Les bombes tombent toutes dans le quartier de la gare : l’une sur le magasin Huyghe, une autre sur la gare de marchandises, une sur la rangée du Télégraphe, une aux Cinq-Chemins, où un civil est tué et un autre grièvement blessé. À la gare, des soldats allemands et des travailleurs russes sont également tués. Les dégâts matériels sont considérables.

La ferme Pillegrems et la gare d’Houthem sont aussi prises pour cible par l’aviation britannique. À Comines-France, les bombardements font une vingtaine de victimes, dont une femme et trois Russes.

Ferme du Pèlerin Houthem – Fonds SHCWR

Les avions poursuivent leur route sans repasser par Comines.

Vers 14 h, les obus sifflent : le coup de départ est très rapproché, suivi d’un sifflement immédiat, mais les projectiles tombent plus loin. On apprend par la suite qu’ils ont frappé le quartier de la gare de Wervicq. Vers 16 h, de nouvelles détonations retentissent : ce sont les bombes non explosées que l’on fait sauter.

Le soir venu, la canonnade reprend. Il devient presque impossible d’oser se mettre au lit.

Une autre explosion, tout aussi gigantesque, se produit à Warneton : les Anglais font sauter une mine sur laquelle ils travaillent depuis des mois. L’énorme entonnoir ouvert par la dynamite subsistera longtemps après la guerre. On ne saura jamais combien de soldats allemands y furent ensevelis.

Sources :

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