Les collines de Linselles

Vers Ypres, le ciel paraît embrasé, pourtant le grondement du canon se fait plus discret. Une impression d’attente plane, comme si l’on retenait son souffle avant qu’un grand coup ne soit porté.
Le cabaret Au Beau Coin, tenu par Verdoolaeghe, fut réquisitionné aux alentours de Pâques 1915 pour servir d’école aux garçons. Maître Rodolphe Vandamme y installa lui-même des planches contre les murs pour en faire des pupitres. Quant aux filles, elles recevaient leur instruction dans la boutique vide d’Albert Desbucquoit, où trois religieuses du couvent de Comines assuraient la classe. Les enfants, désormais scolarisés, vivaient pourtant au milieu des soldats, jouaient avec eux et parlaient souvent mieux l’allemand que leur propre langue.
Georg Lill est envoyé pour quinze jours à Linselles. Il apprécie le quartier, avec ses collines et vallées fertiles. L’église, datant de 1790, domine un village où les habitants semblent à l’aise.
Du côté allié, les Anglais mettent en œuvre des mesures strictes pour combattre le typhus. L’eau de boisson est régulièrement contrôlée, les poubelles vidées à temps, et les déchets brûlés. Les civils touchés sont suivis par des médecins militaires, et toute personne présentant un risque est isolée à l’hôpital Sainte-Elisabeth de Poperinghe ou à celui de Neuville-sous-Montreuil.
