27 trous

La journée est relativement calme.
Les funérailles des victimes de samedi attirent une foule immense. Monsieur le Doyen prononce des paroles d’une grande dignité, et beaucoup ne peuvent retenir leurs larmes. Le souvenir de cette cérémonie restera gravé longtemps.
À l’hospice reposent les corps découverts la veille. La vision est possible, mais difficile à soutenir ; les dépouilles les plus mutilées ont été recouvertes d’un drap.
Les autorités permettent désormais aux civils de s’inscrire pour être évacués. L’idée de tout abandonner est douloureuse, mais la préservation de la vie prime sur le reste.
Dès 10 heures, la cave de la brasserie se remplit ; à midi, elle est pleine. Tout le monde reste jusqu’à 19 heures. Aucun obus n’étant tombé dans la journée, on respire un peu mieux.
Le soir, un clair de lune éclaire la ville.
Vers 20h30, un fracas terrible retentit : c’est le premier d’une série de sept obus tombés tout près. Certains ne sont même pas encore descendus à la cave qu’un second éclate déjà. En quelques instants, le refuge est rempli.
Les obus frappent la rue de Warneton. La porte du presbytère est percée de vingt-sept trous. Toute la façade, ainsi que celles de la sacristie et du cabaret Decoutere, est endommagée. La cure devient inhabitable.
Vers 22 heures, chacun regagne son logis.
À Kemmel, il ne reste plus que quatre cents habitants, dont seulement cinq ménages sur la place.
Les Anglais, de leur côté, rétribuent les civils qui creusent des tranchées, de 3,50 à 6 francs selon le degré de danger.
NDLR : Ce petit film issu des collections de l’IWM, montre à la 9ème minute et 24 secondes des troupes allemandes qui éprouvent de grandes difficultés lors des batailles d’artillerie en raison de la nature du terrain du côté de la côte. On peut aisément imaginer qu’il en était de même par chez nous !
Sources :
Référence :
- Tome 2 – SHCWR
- Tome 12 – SHCWR
- Journal de Guerre
Auteur :
- Duvosquel Jean-Marie
- Delporte Jean-Baptiste
- Dumortier Henry
- Achiel Van Walleghem
