Concert à la Paix
Depuis quelques jours, le temps reste beau, bien qu’un peu frais. Cela favorise les vols d’aéroplanes, nombreux dans le ciel. Certains pilotes sont d’une audace folle et volent à très basse altitude. On les vise fréquemment, si bien que des éclats de shrapnels et des balles de mitrailleuses retombent parfois tout près des habitants.
NDLR : Durant la Première Guerre mondiale, en 1915, les avions encore peu armés utilisaient des fléchettes en acier, appelées « fléchettes aériennes », pour attaquer les troupes au sol. Larguées à la main depuis l’appareil, souvent par centaines, ces petits projectiles effilés de 10 à 15 cm, munis d’ailettes stabilisatrices, tombaient à la verticale avec assez de vitesse pour transpercer un casque ou un corps humain. Leur efficacité restait limitée, mais leur impact psychologique était fort. Rapidement remplacées par des armes plus modernes, elles restent un témoignage marquant de l’ingéniosité – parfois rudimentaire – des débuts de la guerre aérienne.
Les épiciers peuvent désormais se rendre assez régulièrement à Courtrai pour se ravitailler, en voyageant en groupe. Cependant, il reste toujours aussi difficile d’obtenir un passeport pour sortir de la ville.
Henri Tytgat, qui était emprisonné sous le beffroi, a été relâché.
Hier soir, un concert a été donné au café de La Paix, à 23 h. Violon, piano et mandoline ont charmé une foule nombreuse venue écouter la musique.
On évoque des représailles allemandes sur des prisonniers français internés en Allemagne. Ce serait une réponse à l’envoi de soldats allemands capturés vers le Dahomey, en Afrique.
Enfin, depuis la ville suisse de Delémont, le curé retraité Arthur Daucourt s’indigne dans son journal des horreurs de la guerre. Il dénonce aussi la censure sévère imposée par la Suisse, qui craint de froisser l’Allemagne et bloque de nombreuses publications, qu’elles soient étrangères ou locales.