Avion français touché

Beaucoup de lueurs de tous genres illuminent la nuit ; les projecteurs balaient le ciel au-dessus de la ville — spectacle saisissant. Dans l’obscurité, on entend le passage de gros canons en direction de Wervicq.
Dès dix heures du matin, la canonnade se fait entendre vers La Bassée. Peu après, l’attaque semble se généraliser. Du côté de Warneton, où le feu d’artillerie est le plus dense, la fusillade devient perceptible dès midi. Les pièces allemandes bombardent tour à tour plusieurs localités voisines, à intervalles réguliers.
Vers 12 h 30, un avion français survole Comines France. Arrivé au-dessus du Bonaparte (Mai Cornet), il est mitraillé et amorce une descente rapide, tournoyant vers Warneton. A-t-il pu regagner ses lignes ? S’il s’est écrasé en territoire ennemi, nul doute que les Allemands ne tarderont pas à en faire grand bruit.
Le nouveau commandant de place, von Kaufmann, se montre accessible et affable. Il paraît informé de tout, comme s’il avait trouvé sur place des fiches toutes prêtes.
Dans les jardins, c’est une autre bataille qui se joue : des soldats, profitant des premières lueurs du jour, saccagent bosquets et arbustes. Les chariots accrochent les troncs, les latrines installées dans les allées répandent une peste insupportable. Le trou du fumier, transformé en dépotoir, empeste. Il est presque providentiel que l’été ait passé sans qu’une épidémie n’éclate.
On peut se déplacer jusqu’au château Hassebroucq, limite du parcours autorisé. C’est la première sortie depuis la fermeture des barrières. Mais ces marches n’ont guère d’agrément : il faut revenir par le même chemin, et les cabarets sont clos.

Ce même jour, le jeune soldat anglais James Bennett, âgé de dix-neuf ans, tombe au « Moulin brûlé », près de Zillebeke. Son unité, le 11ᵉ Royal Scots, venait de rentrer de la bataille de Loos et subissait les tranchées boueuses et glaciales d’Ypres.
Sources :
Référence :
- Tome 12 – SHCWR
- La Guerre
- 365 soldats de la Grande Guerre
Auteur :
- Dumortier Henry
- Bernard Vernier
- Ian Connerty