Un sombre destin

La nuit est de nouveau agitée : la fusillade reprend et le canon tonne puissamment. Les coups partent d’une batterie placée non loin, entre Ten-Brielen et Wervicq. On distingue clairement le départ des obus, leur trajet sifflant dans l’air, et leur éclatement au loin.
Vers 10 h, alors que les pompiers testent leur pompe derrière la vieille église, un incendie se déclare à la ferme Coppin à Bas-Warneton. Le feu aurait été déclenché par la scierie à vapeur installée sur place. Les fermiers Boscart, qui occupaient jadis les lieux, ont depuis longtemps évacué. Pompiers belges et français obtiennent un passeport général pour intervenir. Pendant leur intervention, un aéroplane survole la ferme, et peu après, des shrapnels anglais tombent du ciel. Pris de panique, les pompiers fuient et se jettent dans les fossés pour échapper au danger. On apprend que la Drêve, restée inhabitée, est toujours intacte.
Samedi, monsieur Platel, curé de Bas-Warneton, est arrêté et conduit entre deux gendarmes à Comines, incarcéré, puis relâché le soir même. Le motif de son arrestation reste inconnu.
Georg Lill, quant à lui, quitte Schifferstadt après six jours de bonheur auprès des siens. Il reprend le chemin du front, vers ce qu’il appelle lui-même son « sombre destin ».
À Chantilly, les Alliés se réunissent pour une première conférence interalliée. L’objectif est clair : coordonner plus efficacement les efforts militaires des différentes armées alliées.
