Une seconde contribution.

Le canon gronde toujours la nuit, sans surprise. On finit par s’y habituer et l’on respire un peu, puisqu’aucun obus ne tombe plus dans les environs.

À la brasserie Dumortier, les soldats démontent leurs foudres, transportés vers la gare : tout indique un départ imminent. Il ne reste sur place qu’un cuisinier et une ordonnance, chargés de préparer les repas d’un capitaine au front depuis la veille et de les porter jusqu’aux tranchées.

Le soir, un sous-officier de la Commandantur belge vient interroger Henry Dumortier. Il pose une série de questions très précises :

  • le nom de la firme ;
  • le nombre d’ouvriers ;
  • le nombre et la puissance des machines ;
  • la provenance des marchandises en temps de paix ;
  • la présence éventuelle de matériel allemand ;
  • les dommages causés par la guerre ;
  • l’existence d’une concurrence avec des maisons allemandes ou françaises ;
  • la production annuelle en hectolitres ;
  • la possibilité de reprendre l’activité après la guerre ;
  • le capital engagé.

Le but de cette enquête n’est pas communiqué.

D’après des soldats, un combat important pourrait éclater dans la région. Plusieurs caves sont renforcées, tant à Comines France qu’à Comines Belgique. À Comines France, environ 80 Russes s’emploient à consolider les caves de certaines maisons (Ferrant, Louis Bourgeois, Henri Catteau), en retirant les planchers pour couler du béton armé sur 50 cm à 1 m d’épaisseur. Ces travaux sont exécutés sous la surveillance des soldats.

À la brasserie, le malt d’orge, l’avoine et le sucre (4 à 5 000 kg) sont envoyés vers la gare du Godshuis pour être expédiés à Phalempin, où le personnel doit exploiter une autre brasserie. On ne travaille plus sur place, sauf pour maintenir le feu nécessaire au lavage des quelques fûts rentrés pour le soutirage. Les civils et soldats terminent encore les dernières opérations liées aux limonades et rassemblent tout le matériel appartenant aux troupes.

À Neuve-Église, il ne reste plus qu’un seul habitant : le notaire Thery, ancien bourgmestre. Sa maison a été frappée par quatre obus.

THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 60503) The Bailleul-Neuve Eglise Road near Bulford Camp, 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205308064

Le pays est informé qu’une nouvelle contribution de 480 millions sera exigée pour l’année 1916, comme cela avait été le cas le 10 décembre 1914.

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