Evacuation de blessés allemands

Le contrôle des passeports reste toujours aussi strict. Cependant, face aux nombreuses difficultés rencontrées par la population pour s’approvisionner, les autorités ont fini par autoriser la circulation jusqu’au Godshuis. Il devenait en effet presque impossible de se rendre ne serait-ce qu’à la ferme Bonte pour y chercher un peu de lait.
Les cabaretiers, quant à eux, continuent à venir s’approvisionner en bière, cette fois par quantités plus importantes : plusieurs tonnes leur sont désormais attribuées à la fois. Dans le même temps, les épiciers ont été autorisés à se rendre à Courtrai, mercredi, pour y réapprovisionner leurs magasins. Mais rien ne fonctionne simplement : la coordination reste difficile, et les denrées sont comptées au strict minimum. Chacun reçoit une part très limitée, bien insuffisante pour répondre aux besoins des familles.
Dans l’après-midi, un certain Jules Van der Mersch se présente à la brasserie Dumortier, porteur d’un ordre de réquisition signé du commandant de place : il vient pour le coffre-fort. Mais le propriétaire s’y oppose fermement. Devant cette résistance, il est finalement décidé qu’une enquête sera menée pour recenser les coffres-forts disponibles à Comines-France, en vue d’en réquisitionner un.
À Bruges, un journaliste du Telegraaf, quotidien hollandais, rapporte avoir vu un grand nombre de soldats allemands blessés. Ils arrivent des fronts d’Ypres, de Dixmude, de Roulers et de Courtrai, et portent les marques évidentes de combats d’une extrême violence. À Dixmude, la ville semble désormais tenue par les Allemands, mais les troupes belges, restées maîtresses de l’autre rive de l’Yser, continuent à réduire à néant toute tentative d’activité ennemie dans la cité.
À des milliers de kilomètres de là, sur la presqu’île de Gallipoli, l’Offensive de l’ANZAC débute : les troupes australiennes et néo-zélandaises, dans un nouvel élan désespéré, tentent de percer les lignes ottomanes. Mais cette attaque se solde par un échec sanglant. Les pertes sont lourdes et l’avancée, nulle.

Pendant ce temps, en Angleterre, les premiers essais de gaz de combat sont menés à Runcorn. Ces expériences se révèlent concluantes : il apparaît que l’espacement optimal des cylindres est de 25 yards pour obtenir un nuage suffisamment dense. On découvre aussi qu’un simple tube courbé, sortant à quelques mètres des tranchées, permet de libérer le gaz tout en évitant que le froid provoqué par la détente soudaine ne bloque les soupapes. D’autres ajustements techniques sont déjà à l’étude pour améliorer ce terrible procédé.