Les Allemands préparent les assauts aux gaz

Depuis deux jours, la canonnade a cessé, mais la nuit reste animée par une fusillade persistante.
La grande messe continue d’attirer la foule. On rapporte que Quesnoy et Warneton ont particulièrement souffert ces derniers jours, et Deûlémont aurait dû être évacuée.
À Comines, une décision du commandement impose aux cabaretiers un tarif strict pour la vente de bière : 25 pfennigs le litre, 5 pfennigs la chope de 1/5 de litre. Le prix à la tonne sera fixé ultérieurement. Vers 10 heures, plusieurs officiers se présentent à la brasserie Dumortier pour recenser les matières premières et la bière en cave. Les cabaretiers protestent vivement contre ces mesures.
L’activité aérienne est intense aujourd’hui. On tire avec acharnement sur les nombreux appareils ennemis, et les éclats de shrapnels tombent en quantité sur la ville. Deux bombes larguées par un aéroplane s’abattent sur Comines. Vers 18 heures, on compte jusqu’à six appareils dans le ciel. Intrépides, ils planent malgré les tirs. À 19 heures, un avion britannique survole la ville à basse altitude et lâche une ou deux bombes dans les prés de Comines Belgique, provoquant une forte détonation.
Côté allemand, des batteries de bonbonnes de gaz au chlore sont discrètement installées près du pont de Steenstraat. Ces bonbonnes, dissimulées dans des tranchées creusées par le Génie, devaient servir à une attaque chimique. L’infanterie, tenue dans l’ignorance, n’a été informée qu’au dernier moment, avec l’ordre de quitter les lieux un quart d’heure avant le lâcher du gaz. Initialement prévue pour le 10 mars à la Côte 60, l’attaque avait été reportée à cause d’un vent défavorable. Le dispositif fut donc déplacé vers Langemark, avec un assaut prévu ce jour à 18 heures.

À Poperinge, le président Poincaré, le général Joffre et le ministre Millerand sont présents.
En Mésopotamie, débute la bataille des Collines de Pâques : les troupes britanniques et indiennes lancent une offensive contre les positions ottomanes.