Au tour du Corentje

Il fait encore un froid mordant. Ce n’est plus vivre que nous faisons : ls maisons sont pleines de courants d’air, et tous, grands comme petits, sont enrhumés et souffrent de la gorge. À tout moment, il faut courir à la cave, dans un air empesté par le trop grand nombre d’occupants. Avant-hier, une femme, saisie par l’émotion, s’était oubliée complètement dans la cave ; d’autres faisaient envoyer leurs enfants uriner dans le trou de drainage ; une femme est tombée malade et, après deux heures d’efforts pour la ranimer, a dû être transportée chez elle. Il y a dans la cave des enfants malades.

Ce matin, ce sont les funérailles de la femme Gathem, décédée à Wervicq des blessures qu’elle avait contractées lors de l’accident. La fille Leclercq, qui survit encore, semble pouvoir guérir.

Que dire, que faire ? Nous comptons sur la protection divine.

Le beurre est à 7 francs, la viande à 6, et les œufs sont introuvables.

Quelle guerre meurtrière ! Tous sortiront vieillis, malades, épuisés de cette période.

À 14 h, cinq ou six obus sifflent, mais tombent plus loin. Nous apprenons qu’ils sont tombés au Mai-Cornet et près du canal.

Le reste de l’après-midi se déroule dans le calme, et vers 18 h, les caves se vident. Mais vers 19 h 30, alors que nous nous préparons à souper, de nouveaux obus éclatent en direction de la gare. En un clin d’œil, les caves se remplissent à nouveau ; il faut descendre les enfants, qui dormaient tous. Une dizaine d’obus passent, tombant avec fracas mais un peu loin. Bombardement sur le Corentje. À 21 h 30, chacun rentre chez soi.

Un combat aérien se déroule au-dessus de Comines – France. Un avion allemand tombe à pic ; l’aéronef allié s’éloigne en zigzaguant.

Probablement à Geluweld détruit par les Britanniques.

Sources :

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