Expulsion de 450 Cominois

Le beau temps persiste, et avec lui monte une inquiétude nouvelle : celle des chaleurs de l’été qui favorisent les infections. Les soldats s’activent dans les rues de Comines, évacuant les fumiers loin de la ville. Un ordre du commandant rappelle les précautions à prendre contre l’invasion des mouches, cette armée invisible et tenace qui accompagne les étés de guerre.

Dans les cantonnements, la fanfare du régiment tente de ramener un semblant de normalité, égrenant ici et là des aubades militaires aux accents d’un autre monde.

Mais la nuit est tout autre. À Comines, la canonnade ne cesse pas. Un communiqué allemand annonce que les Anglais, qui avaient brièvement repris les positions de la ligne de chemin de fer reliant Ypres à Comines, en ont été chassés malgré leurs efforts.

La Deuxième Bataille d’Ypres vient de commencer. Pour répondre à la poussée anglaise du 17 avril, les Allemands lancent une contre-offensive majeure sur le saillant d’Ypres. Au nord de ce saillant, entre Steenstraete et Langemark, ils inaugurent un nouvel outil de terreur : les gaz asphyxiants. Les troupes belges, françaises et britanniques en font les frais. Une page terrible de l’histoire moderne s’ouvre.

À la Côte 60, les combats se poursuivent avec une violence inouïe. Le 21e Devonshire Regiment parvient à reprendre la colline, mais le prix est lourd : plus de 3 000 morts du côté allié. Et selon certains témoignages, les pertes allemandes seraient encore plus importantes.

THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 61647) A soldier standing a shell hole made by a ‘Jack Johnson’ near Ypres, April 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205026953
NDLR : Un Jack Johnson est un obusier allemand de 15 cm, nommé d’après le célèbre boxeur Jack Johnson en raison de son « coup de poing ») 

Pendant ce temps, l’armée belge, grâce à ses réseaux d’espionnage, a appris qu’une attaque chimique se prépare. Elle tente d’alerter les troupes françaises voisines, mais le général Balfourier refuse d’y croire.

À Comines encore, une nouvelle vague d’expulsions frappe la population : 450 Cominois sont envoyés vers la France via la Suisse. Le convoi s’ébranle sous les gémissements et les pleurs. Georg Lill, témoin de la scène, note avec tristesse cette autre forme de défaite.

Sources :

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