Gagné le jour, perdue la nuit

À Comines – France, les plaintes se multiplient au sujet des conditions d’hygiène dans la prison réservée aux civils. Les autorités allemandes, pour leur part, justifient la situation en la comparant à celle des prisonniers allemands détenus au Maroc ou au Dahomey, où les conditions seraient bien pires encore.

Ce même jour, vers 18 heures, un officier allemand se présente à la brasserie Dumortier pour réquisitionner une chambre inoccupée. Le propriétaire lui en montre une, précisant qu’il peut en disposer librement — sauf du lit, qui doit rester disponible pour une naissance attendue dans la famille.

Plus tard dans la soirée, un concert est donné en face de la grande porte de la brasserie, apportant un moment de musique dans un quotidien sous tension.

Depuis hier, les d’Ennetières ont transformé le tir à l’arc du « Château Mon Plaisir » en une petite salle de jeu. Le soir, quelques habitués s’y retrouvent pour jouer aux cartes ou à l’astiquète. Ce jeu, très populaire dans certains cafés, consiste à lancer quatre fléchettes en direction d’une cible fixée au mur, depuis une distance de deux mètres. Celui qui réussit reçoit un cigare offert par le patron.

À Wervicq et Menin, les Allemands mobilisent de force les habitants pour creuser des tranchées tout près du front, dans les environs de Zandvoorde. Certains ouvriers tentent de résister et refusent de partir, mais ils sont immédiatement menacés, baïonnette au canon.

Pendant ce temps, autour de la sucrerie Sauchez, les combats font rage. La position, arrachée au prix du sang durant la journée, est souvent reperdue dès la nuit tombée. Les deux camps s’épuisent dans un cycle de prises et de pertes, toujours plus meurtrier.

La ville de Poperinghe semble déserte. Bien que les bâtiments y soient encore debout, les habitants, eux, sont partis.

Ypres reste sous le feu. Les mortiers de 420 mm, installés dans le « Môrserwäldchen » à Zonnebeke, ont notamment visé la tour de l’église Saint-Martin. D’après le journal hollandais neutre De Nieuwe Courant, Ypres serait désormais « rayée de la carte ».

Sources :

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