50 coups par minute.

Dans la première partie de la nuit, de fortes fusillades éclatent, accompagnées de vives lueurs. Vers trois heures du matin, et pendant une heure et demie, les canons grondent comme aux plus forts jours.

À 4 h 10, à Comines, on entend au loin le roulement des canons alliés : cinquante coups par minute. Les Allemands répliquent par séries de quatre coups. Puis, brusquement, tout cesse. Au lever du jour, des avions alliés passent dans le ciel.
Hier, on a déménagé le matériel de la Croix-Rouge chez les Sœurs d’Orléans.
À la brasserie Dumortier, une partie du raisin de la serre a été volée pendant la nuit ; on doit enlever ce qui reste. Les poires, encore dures comme des cailloux, subissent le même sort, abîmées par civils et soldats qui esquintent les arbres.
Sans avertissement, on démonte la chaudière des chevaux et on abat la maçonnerie. On prend aussi le mulet, qu’on fait courir attelé à un petit camion. Il ne revient que tard dans la nuit, sans qu’on ait rien annoncé.
On brasse moins ; les limonades sont moins demandées. En gare, arrivent sans cesse des wagons d’eau minérale allemande qu’on décharge ici. Les cabaretiers, qui ne vendent pas exclusivement aux soldats, n’obtiennent plus de bière. Le caporal qui dirige les limonades est parti depuis quelques jours.
En même temps, la Seconde bataille de Champagne fait rage : une offensive franco-britannique majeure, qui s’interrompra le 29 septembre avec l’arrêt de l’attaque générale.