10.000 prisonniers alliés.

La pluie diluvienne tombée la veille a transformé la région en un véritable bourbier, rendant la plupart des routes impraticables. Malgré ce temps obscur, un grand nombre d’aéros sillonnent le ciel, volant à basse altitude, comme pour mieux observer ce qui se trame au sol.
Le canon, qui grondait jusque vers Lille, s’est tu dans cette direction, ne tonnant plus qu’autour d’Ypres et de Gheluvelt. L’accalmie intrigue, car elle pourrait bien annoncer une nouvelle offensive.
À Comines, une nouvelle affiche exige que poules, poulets et coqs soient déclarés avant le 30. La réquisition s’étend à tout ce qui peut nourrir la troupe. A Comines France, la rigueur est la même : quelques femmes ont été emprisonnées pour avoir conservé chez elles des sacs de poires non déclarées. Les autorités ne tolèrent aucun écart.
Sur le front, le calme qui règne depuis lundi est trompeur. Les hôpitaux de Bruges et d’Ostende vident leurs lits, renvoyant en Allemagne les blessés jusque-là hospitalisés. Chacun comprend que l’on se prépare à en accueillir de nouveaux.
Les restrictions de circulation restent strictes. Les passeports ne sont toujours pas délivrés, empêchant le bourgmestre lui-même de se rendre à Courtrai. Quelques privilégiés parviennent cependant à franchir les lignes, passant par Wervicq avant de rejoindre la ville voisine en accord avec des habitants du cru.
Pendant ce temps, en Artois, la bataille de Loos prend fin dans la douleur. Les Britanniques, décimés, se replient sur leurs lignes de départ après avoir perdu vingt mille hommes, dont trois généraux de division. Dix mille prisonniers alliés sont tombés aux mains des Allemands. La victoire est allemande, mais chèrement acquise au prix d’un champ de bataille jonché de cadavres.

