Bilan des attaques aux gaz

L’agitation est palpable à Comines ce matin. Georges d’Ennetières a été arrêté par deux gendarmes et conduit à la Kommandantur, sous les yeux de sa mère et de son frère Auguste, effondrés. Il est accusé d’avoir fouillé la chambre du lieutenant allemand logé chez lui. Certains objets auraient disparu. Il passera trois jours en prison avant d’être jugé par un conseil de guerre. L’affaire fait grand bruit dans toute la ville.
Dans les rues, un autre sujet agite les conversations : la bière manque. Beaucoup de cabaretiers n’ont plus rien à servir. La brasserie Van Elslande, elle aussi, est presque à sec, faute de malt. Même les plaisirs les plus simples deviennent rares.
Les jeunes hommes de Comines sont sous pression. Refuser le travail forcé, c’est risquer gros : une amende de 750 marks ou douze jours d’emprisonnement. Deux d’entre eux, Antoine Verhaeghe et Ignace Vandewynckèle, ont fait savoir leur refus. Ils sont désormais convoqués à comparaître.
Sur le front, Sir John French rapporte les dernières conséquences des attaques au gaz menées par les Allemands, à l’est d’Ypres. Les nappes de gaz, parfois hautes de douze mètres, ont permis à l’ennemi de gagner quelques tranchées. Pourtant, il note un progrès : les soldats commencent à mieux supporter cette horreur invisible.

La guerre change. Avec l’emploi massif de gaz toxique, les Allemands inaugurent une nouvelle ère. C’est un tournant. La Deuxième bataille d’Ypres restera marquée comme le début de la guerre chimique moderne — une guerre où l’air lui-même devient un ennemi.
Victime civile :
- HAUBOURDIN Henri, né à Ploegsteert, le 26 avril 1890. Décédé à l’hôpital d’Armentières, rue Sadi Carnot 124, le 25 avril1915 à 23 h., âgé de 25 ans. On l’appelait le “Gros Bourdin”. Il était cultivateur dans une ferme qui n’a plus été reconstruite après la guerre. Cette ferme était située rue du Romarin.