Le tableau de Louis Lambin disparait.

Les soldats bavarois continuent à brasser : cette semaine, ils réaliseront trois brassins.
L’officier-inspecteur nous prévient que la brasserie passera bientôt entre les mains des Prussiens.

La viande devient introuvable. Toute la semaine, nous nous contentons de conserves. Lorsque, par chance, un peu de viande circule, son prix est exorbitant : 6 francs le kilo. Le beurre se vend 7,25 francs, les œufs 0,25 franc pièce. Le lait est médiocre et le pain manque de levain. À l’Hôtel de Ville, il arrive qu’on distribue du sain-doux, mais chaque fois cela provoque une véritable cohue, et bien souvent, on repart les mains vides. Il est regrettable que l’administration ne puisse obtenir davantage de vivres de première nécessité du Comité hispano-américain. Nous ne reverrons de la viande que samedi, au mieux. Par la poissonnière, on arrive parfois à se procurer un peu de poisson.

Les explosions se poursuivent. Leur fracas rappelle celui des obus, parfois même accompagné d’un sifflement qui donne l’impression qu’ils tombent à proximité.

Quatre ouvriers avaient autrefois commandé au peintre parisien Émile De Fresne un grand portrait en pied de Louis Lambin, né le 21 mars 1790, maire de Comines (France) de juin 1821 à 1861 : quarante années de mandat, le plus long de l’histoire communale. Le tableau fut offert à la municipalité le 6 mai 1867 et orna longtemps la salle des mariages.

Mairie de Comines France – Fonds SHCWR

Pourquoi rappeler cela aujourd’hui ?

Parce que ce mardi, les Allemands ont décroché le tableau.
Aucune précaution, aucune attention. L’œuvre a disparu du décor de la ville comme tant d’autres objets de mémoire. Elle ne retrouvera jamais sa place.1

Sources :
  1. Très probablement, elle a été détruite lors de l’évacuation de 1917. Mais cela appartient encore à une autre page de notre histoire. ↩︎
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