Journée calme

La nuit a été quelque peu agitée : la fusillade a repris par intermittence. Pourtant, le jour se lève sur un temps splendide.

À Messines, Georg Lill se dit satisfait de son logement dans les sous-sols d’une brasserie en ruines. La journée s’écoule dans un calme relatif, sans intervention d’artillerie. Le bilan des dernières heures est léger : un mort, deux blessés. Dans la cave transformée en infirmerie de fortune, les deux médecins, de haute stature, sont contraints de se déplacer courbés sous les voûtes basses.

Sur le front allemand, 6 000 bonbonnes de gaz viennent d’être livrées pour des tests et une future utilisation contre l’ennemi. L’archiduc Albrecht von Württemberg, jugeant cette arme immorale, en délègue la responsabilité au général von Deimling, commandant du 15e corps. Ce dernier hésite, mais l’ordre est sans appel : ses supérieurs estiment que la baïonnette n’est guère plus humaine.

À Ypres, malgré l’ordre d’évacuation, 1 500 habitants tiennent bon. Parmi eux, deux bouchers et trois boulangers tentent encore de subvenir aux besoins des civils restants. Au musée Merghelynck, rue de Lille, trois bénévoles s’activent à sauvegarder les objets les plus précieux, envoyant certains à Dunkerque tandis que d’autres sont relégués au sous-sol. Parmi les œuvres, un tableau représentant le siège d’Ypres en 1744 attire l’attention. Une époque de guerre, certes, mais bien loin de l’anéantissement en cours.

THE BRITISH EXPEDITIONARY FORCE ON THE WESTERN FRONT, 1914-1915 (Q 61618) Troops by a ‘Jack Johnson’ crater with surrounding destruction at Ypres, March 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205309030

Pendant ce temps, sur un tout autre théâtre d’opérations, les forces navales britanniques et françaises intensifient leurs bombardements sur les forts ottomans le long des Dardanelles.

Sources :

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