Le gare est bombardée

Le combat continue avec la même intensité.
À la brasserie Dumortier, on annonce que les brassins seront désormais très fréquents. Dans l’après-midi, vers 16 h 30, six ou sept obus tombent près de la voie ferrée, du côté de la ferme Bonte. Ils ne causent que peu de dégâts, mais chaque arrivée d’obus pousse de nombreux habitants à se réfugier dans les caves, surtout dans les quartiers les plus exposés.
À Comines-France, le charbon est désormais rationné : cinquante kilos par semaine, lorsque l’on parvient encore à en obtenir.
Une triste nouvelle nous parvient de Dickebusch (Geithoek). Henri Legrand, âgé de soixante-six ans, originaire de Ten Brielen, a été tué dans le bombardement d’une maison, ainsi que trois autres civils. Ils attendaient leur solde, reçue pour des travaux de creusement de tranchées. Tous étaient réfugiés dans le village.

À Lille, le jeune Léon Trulin, âgé de dix-huit ans seulement, est fusillé dans les fossés de la citadelle. Né à Ath, en Belgique, il était l’avant-dernier d’une famille de huit enfants. Après avoir tenté de s’engager dans l’armée belge, qui refuse sa candidature pour raison de santé, il accepte des missions de renseignements et traverse plusieurs fois la Belgique et le Nord de la France pour recueillir des informations destinées aux Alliés.
Lorsque le verdict lui fut annoncé, il aurait simplement déclaré : « J’ai fait ça pour ma patrie. »
Il est exécuté par douze balles.
