Un Officier canadien décrit la région

Le canon roule de plus belle, grondant vers la direction d’Armentières, Lille ou La Bassée, pensent certains. D’autres assurent que le feu se rapproche davantage.
À la brasserie, les affaires tournent : quarante marks par brassin. Quinze brassins ce mois, ce qui équivaut à sept cent cinquante francs en bons de Roubaix-Tourcoing.
Au cimetière de Comines France, les tombes allemandes sont nombreuses et parfaitement entretenues. Les quelques tombes anglaises le sont aussi, avec le même soin.
Pendant ce temps, Herbert McBride arrive avec ses hommes en soutien de l’armée anglaise. Il installe sa compagnie à la sortie du village de Wulverghem. Les tranchées, creusées par les Anglais, paraissent solides et même relativement confortables. Elles sont profondes d’un mètre vingt, leurs rebords rehaussés de sacs de terre portent la profondeur totale à deux mètres quarante. Par endroits, une maison abandonnée ou un ancien café sert d’appui à la ligne.
Devant les Canadiens, à un kilomètre et demi environ, se dresse le village de Messines. Son église et son hôpital se détachent, servant de repères. Plus au nord, Wijtschate reste aux mains des Allemands. Non loin se profile le Mont Kemmel, promontoire stratégique qui offre aux artilleurs anglais une vue saisissante de tout le front, de Plugstreet jusqu’à Ypres.
