Un an déjà depuis l’ultimatum allemand à la Belgique.

En souvenir de cet épisode, le président Poincaré rencontre le roi des Belges à Lo. Ensemble, ils décorent deux ou trois officiers, ainsi qu’un prêtre venu spécialement d’Ypres dans la voiture de la comtesse Van den Steen.


À Lille, les Allemands arrêtent 400 soldats français du 8e régiment, restés en ville depuis octobre. Ils retiennent des otages, dont le maire. Ceux qui ont hébergé les soldats sont également inquiétés.
Ypres subit un nouveau bombardement, surtout du côté de la porte de Lille.
Henry Dumortier doit vider le jardin de la brasserie, rempli de bouteilles inutiles depuis l’entrée jusqu’à la montagne et au vivier. Il y en a, sans exagérer, près de 300 000. Seule une petite partie, à goulots pour bouchons mécaniques, peut encore servir pour les limonades. Ce ne sont pas les occupants de la brasserie qui causent le plus de dégâts, mais bien le va-et-vient des chariots pour les limonades. La cour ne désemplit pas. Les chariots accrochent sans cesse la grande porte, les bornes, les murs, la niche du chien (jetée dans le jardin), les piliers du hangar (tordus), le trottoir (dont les carreaux se détachent), le tuyau de la pompe, et les arbres, que l’on écrase ou coupe.
Il faut aussi beaucoup de gaz pour les limonades (tubes de CO₂) et pour les ouvriers, qui logent dans les greniers. Ils sont une trentaine désormais, et leur nombre augmente chaque jour. Ils cuisinent au gaz, prennent les légumes du jardin, si bien qu’il faut tout récolter avant maturité. Moi, je n’ai plus de gaz pour le réchaud ni pour la salle de bain… et malgré tout, Henry doit payer.