Dernier brassin

La circulation entre Wervicq et Comines Belgique est à nouveau interdite. Il est désormais impossible de franchir la barrière du chemin de fer, rue de Wervicq. Aucun passeport n’est délivré. Le transport des farines américaines en provenance de Courtrai est étroitement surveillé : chaque convoi est désormais accompagné par un gendarme. Partout ailleurs, les difficultés de déplacement sont tout aussi sévères.
À Comines France, les restrictions sont encore plus drastiques : il est formellement interdit de quitter la ville, que ce soit vers Wervicq ou vers tout autre point cardinal. Tous les laissez-passer sont suspendus, sans exception. Les liaisons entre Roubaix, Tourcoing et Lille sont également rompues. La raison ? Un affrontement d’une violence extrême vient de secouer la région sud de Lille, jusqu’à Arras. Les pertes sont terribles : on parle de 25 000 morts ou blessés, toutes armées confondues.
Pendant ce temps, la brasserie Dumortier tire le meilleur parti de son ultime brassin libre, avant que les Allemands ne prennent le contrôle de la production. Aujourd’hui, elle met tout en œuvre pour obtenir une bière bien claire et en grande quantité. Dès demain, ce sont les occupants qui brasseront.
À Steenstrate, la bataille menée avec des gaz s’achève sur une victoire nette des Alliés. L’attaque est menée de haute main. Les troupes ramènent à l’arrière 145 prisonniers allemands et s’emparent de quatre mitrailleuses.

À Vlamertinge, les autorités ne jugent plus les archives de la ville en sécurité. Elles décident de les expédier à Paris-Plage, dans le Pas-de-Calais, à l’adresse du bourgmestre Evariste Vande Lanoitte, actuellement réfugié là-bas.
Enfin, quatre sociétés cinématographiques françaises reçoivent une autorisation officielle : elles peuvent désormais tourner des images sur le front. Un autre regard, cette fois en pellicule, sur la réalité des combats.