Les fidèles sont là

Il pleut. Le vent souffle dans les cheminées, les feuilles tourbillonnent sur les pavés humides.
Le matin, les fidèles se pressent dans la petite chapelle, trop étroite pour accueillir tout le monde en ce jour de Toussaint. L’après-midi, nous devons nous rendre à Comines France pour les Vêpres, l’église n’étant ouverte aux habitants que pour quelques heures.
Aucun protestant aujourd’hui dans l’église : « Il n’y a pas de saint pour eux », glisse une paroissienne, avec l’assurance tranquille de celles qui répètent un dicton plutôt qu’un jugement.

C’est bien la Toussaint — mais combien l’atmosphère diffère de celle d’autrefois.
On se souvient des cloches joyeuses du matin, des familles en habits du dimanche, des processions vers le cimetière, des sonneries graves du soir appelant au souvenir.
Cette année, ce n’est plus seulement la mémoire des anciens qui revient, mais celle des disparus de la guerre — proches, amis, voisins. Que de morts en un an… et peut-être, parmi eux, des nôtres.
Dans l’après-midi, à intervalles, le canon se fait entendre, comme pour rappeler que la guerre n’interrompt ni les saisons, ni les prières, ni le deuil.
Le soir se passe en famille. Pour évoquer un peu les jours d’avant, on prépare des crêpes — avec de la farine de riz, faute de mieux.
Ce parfum simple et familier ramène un peu de douceur au cœur d’un jour endeuillé.
Entre 18h30 et 19h, de l’artillerie traverse la ville.
Peut-être les Bavarois en partance…
