Deux civils tués.

Il fait un temps superbe. Depuis quelques jours, les avions reviennent profiter du ciel clair, mais ils attirent aussitôt une pluie de tirs ennemis. Dans l’après-midi, vers 16 h 30, un obus, parti sans le grondement habituel, siffle dans l’air et éclate presque aussitôt près du pont du chemin de fer. La stupeur est générale.

À partir de ce moment, et à intervalles de cinq à quinze minutes, les obus tombent sans relâche dans les environs : une douzaine, peut-être quinze. C’est la Belgique qui est visée cette fois-ci. On se réfugie dans les caves tandis que des éclats volent jusque dans la rue. Près du passage à niveau de la rue de Wervicq, un projectile détruit la voie ferrée. Les débris arrachent des toitures, percent les murs des maisons, atteignant notamment l’estaminet « Chemin de Fer ». Les deux filles d’Alexandre Delbecque, qui discutaient dehors avec la fille Mortreu du cabaret, sont grièvement blessées, tandis que cette dernière sort indemne de l’explosion.

Rue de Wervicq Comines – Fonds SHCWR

Dans la rue Masson, un autre obus frappe le pignon de la dernière maison habitée par Alexandre Dubois. Il traverse la demeure et atteint grièvement le maître de maison dans sa cuisine. De l’autre côté de la rue, plusieurs habitations perdent leurs toitures et des éclats blessent encore : Debacker, ouvrier de la brasserie, touché sérieusement à la cuisse ; la mère Verschoore, plus légèrement ; ainsi que les filles Tuyttens.

La famille Mortreu, déjà éprouvée depuis que le père s’est cassé la jambe chez Dumont il y a quelques semaines, se réfugie à la brasserie Dumortier. Ils descendent loger dans la cave, où ils partagent désormais les repas avec les soldats. Pour abriter le père blessé, on installe un matelas dans la cave de l’habitation, tandis que la mère et les cinq enfants s’installent dans la première cave voisine.

La nuit fut presque blanche, tant l’angoisse avait serré les cœurs. Mais peu à peu, la soirée et la nuit s’apaisèrent, jusqu’au retour du silence.

De l’autre côté du front, en zone non occupée, les Anglais reviennent sur leur décision d’abattre les maisons endommagées. Mieux vaut, pensent-ils, laisser ces ruines debout : elles dissimuleront plus efficacement les incessants allers et venues des régiments aux yeux de l’ennemi.

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