L’offensive française se poursuit

Un peu plus de fusillade durant la nuit. Vers dix heures et demie du matin, un obus passe en sifflant au-dessus de la ville, mais sans éclater.

Les civils comme les soldats s’acharnent sur les marronniers, abattant les branches à coups de bâtons et de briques pour ramasser les fruits. Les arbres du jardin en souffrent, mais que faire ? À la brasserie Dumortier, le travail manque : l’équipe de nuit dort presque toute la nuit, et celle du jour en est réduite à balayer la cour pour tromper l’ennui.

Les soldats et les civils continuent pourtant à abîmer les arbres du jardin pour cueillir les fruits. J’ai demandé au bourgmestre d’intervenir auprès de la mairie pour rappeler à l’ordre les civils. Quant aux soldats, malgré mes plaintes répétées auprès de l’inspecteur à propos des fruits et des légumes pillés, rien n’y fait : ils recommencent chaque jour.

Un wagon entier de glace arrive aujourd’hui, comme chaque jour, mais on n’en a plus l’usage. On la décharge dans un coin de la cour, où elle fond lentement.

Depuis bien longtemps, on n’a pas connu un tel calme. Dans la rue, sur le front, tout semble suspendu. Même à la brasserie, le va-et-vient des chariots s’est encore ralenti.

Le froid s’installe. On a dû rallumer le poêle : l’hiver approche.

A vingt-trois heures, un obus tombe dans les terres boueuses entre les deux voies ferrées d’Ypres et d’Armentières.

Sur le front, l’offensive française se poursuit.

THE SECOND BATTLE OF CHAMPAGNE, SEPTEMBER-NOVEMBER 1915 (Q 78062) A French 220 mm mortar immediately after firing in Tahure area, 7 October 1915. Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205322824

Interdiction désormais d’envoyer des paquets aux prisonniers français.

Dans le secteur de Navarin, le soldat cycliste Roger Salengro, futur ministre, est fait prisonnier alors qu’il tentait de récupérer le corps d’un camarade tombé au combat.


Sources :

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