Les accidents par imprudence sont nombreux

Aujourd’hui, un soldat allemand à vélo glisse devant la maison de J. d’Ennetières à Comines (Belgique). Une grenade qu’il transportait explose dans sa poche, lui ouvrant le ventre. Il ne meurt pas sur le coup.

La mairie demande l’inventaire des objets en cuivre chez les fabricants, brasseurs, distillateurs, mécaniciens, imprimeurs. On réclame aussi les sacs vides auprès de tous les habitants. La brasserie Dumortier en déclare 1025 et doit en livrer 500 dès le lendemain.

Les épiciers tentent de se ravitailler à Mouscron ou à Tourcoing, mais tout y est plus cher. Comines-France dépend désormais de Lille pour ses provisions. La vie devient chaque jour plus chère. En plus, tout doit se payer en marks allemands, qui prennent de la valeur. Certains soldats eux-mêmes cherchent à échanger des marks avec 10 % de prime. Quelques privilégiés obtiennent facilement des passeports.

Arnold Bennett – Wikimedia commons Public Domain

Pendant ce temps, le journaliste britannique Arnold Bennett est autorisé à visiter Ypres. Il découvre une ville fantôme, détruite par les bombardements. La cathédrale Saint-Martin n’est plus qu’un tas de gravats. La halle aux draps, unique en son genre, est en ruine. Il déambule dans les rues désertes, bouleversé. Voici une partie de son récit.

Cela faisait plus de vingt ans que je n’avais pas mis les pieds à Ypres, cette ville qui compta près de 200 000 habitants au XIIIe siècle et qui fut l’une des villes les plus animées d’Europe. Au XVIIe siècle, elle tomba à quatre reprises sous les assauts étrangers et perdit son statut de ville épiscopale.

Maintenant, c’est une ville morte, inhabitable sous les bombardements incessants — et cela continue. La cathédrale Saint-Martin n’est plus qu’un fantôme : la nef est envahie par près de sept mètres de gravats. La tombe de Jansenius est fracassée. La Halle aux Draps, la seule de ce calibre au monde, conservait encore quelques vestiges de valeur, mais l’intérieur est très abîmé.

Deux soldats anglais traversent la Grand-Place. Ils s’éloignent, et je me sens très seul, perdu dans ce désert de pierre. Un officier d’état-major anglais finit par apparaître, mettant fin à mon angoisse. Ensemble, nous déambulons dans la rue de Lille. Les belles façades sont détruites. Cette rue, jadis la plus fréquentée de la ville, est morte.

Une ruelle adjacente est parsemée de minuscules maisons rouges encore intactes, où nous nous réfugions quelques instants. Les Allemands n’ont pas visé ce quartier, sans doute trop pauvre à leurs yeux.

Si un jour la ville devait être reconstruite, je préconise d’y afficher le texte suivant :

« Le 31 juillet 1914, le ministre allemand garantissait la neutralité de la Belgique.
Quatre jours plus tard, il envahissait le pays.
Regardez autour de vous. »

Sources :

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