Une oasis en bordure d’une ville détruite.

Le jardin de la brasserie Dumortier devient chaque jour un peu plus un dépôt à bouteilles et caisses vides. On y installe maintenant des rails et des wagonnets, venus de chez Goeman, ce qui oblige à abattre encore quelques arbres. Il devient difficile de circuler vers le fond du jardin, pourtant très convoité par les soldats… qui viennent y cueillir des fraises.

Au loin, vers le sud de Lille, le grondement des canons ne cesse pas. Pourtant, ici, tout semble calme. Mais chacun s’interroge : combien de temps cela peut-il encore durer ? Passer un second hiver dans ces conditions paraît impensable. Les vivres risqueraient de manquer, malgré l’aide du Comité hispano-américain.

Sur le plan international, la situation s’aggrave : l’Italie entre officiellement en guerre. Les tensions montent aussi entre les États-Unis et l’Allemagne. Le torpillage du Lusitania a marqué les esprits. Ce paquebot britannique, parti de New York le 1er mai, a été coulé sans avertissement par un sous-marin allemand le 7 mai, au large de l’Irlande. Près de 1.200 personnes ont péri, dont 124 Américains. Le président Wilson a protesté, mais Berlin n’a pas réagi. Pire : les Allemands ont célébré l’attaque comme une victoire.

Pendant ce temps, le récit de guerre de l’ambulancier William Boyd nous emmène à Ypres, au quartier général divisionnaire installé dans un vieux château. L’endroit, entouré d’un parc parfumé, évoque presque Cambridge, jusqu’à ce qu’on aperçoive un immense cratère, rappel brutal de la guerre. Le château est ceint d’eau, franchie par un pont gardé.

Enfin, du côté de Serre, en Artois, débute la bataille d’Hébuterne. Elle se poursuivra jusqu’au 13 juin.

Sources :

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