Bombardement toute la matinée

À quatre heures trente, les habitants sont tirés de leur sommeil par une pluie d’obus qui s’abat sur Comines-France. Ils se suivent sans répit, sifflant dans l’air avant d’exploser. Trente-six projectiles tombent en une heure et quart, certains frappant même du côté belge, près du canal.

Malgré le danger, l’adoration du Très Saint Sacrement a lieu comme prévu. Il faut se rendre à la chapelle sous les obus, un mélange d’habitude et d’inconscience : à cette époque, on n’imagine pas encore qu’un éclat peut tuer à plus d’un kilomètre.
Les dégâts sont considérables. Rue de Quesnoy prolongée, la corderie Delevoye est touchée, tout comme la maison de Jean, dont les carreaux et les tuiles volent en éclats. Dans l’après-midi, deux nouveaux obus sifflent encore, mais s’écrasent plus loin.
Le ciel n’est pas en reste : des aéros passent et attirent une pluie de tirs. Le canon, lui, tonne surtout du côté de Gheluvelt, moins intensément qu’à l’aube.
Vers vingt et une heures trente, le directeur des limonades de la brasserie Dumortier surgit dans la maison d’Henry Dumortier. Il annonce que la maison et la cave doivent à nouveau rester ouvertes pour les soldats. Les ordres se contredisent sans cesse, plongeant les civils dans la confusion.
Depuis hier, Ypres subit des tirs nourris. Les Alliés progressent et s’installent sur plusieurs positions allemandes. À Arras, la canonnade est continue. Même Georg Lill voit son “Maître” partir au front, cette fois sans son ordonnance.
Et la population endure tout cela, résignée, oscillant entre stupeur et lassitude. Quelle vie que celle-ci ! Chacun se demande si ces calamités prendront un jour fin… ou s’ils y laisseront leur vie avant la paix.
Victime civile :
HAUBOURDIN Louis, né à Wambrechies 25 décembre 1845, domicilié à Ploegsteert, rue du Romarin, cultivateur. Décédé ce jour à Ploegsteert à 10 h, âgé de 70 ans.
