Début des retours de Gallipoli.

Toujours de fortes canonnades durant la nuit.
Il pleut sans cesse et l’inondation progresse rapidement : les prairies sont désormais sous l’eau. Les soldats qui reviennent des tranchées sont méconnaissables, couverts de boue des pieds à la tête.

Dans la matinée, Madame Dumont apprend par les Saxons qui brassent chez elle que la brasserie bavaroise s’apprête à quitter Comines.
C’est la confusion autour des fûts : on en retrouve mélangés dans presque toutes les brasseries, et les brasseurs tentent de s’entraider du mieux qu’ils peuvent.
Le mulet blessé par les soldats a repris le travail.
Selon des soldats revenus du ravitaillement à Lille, cinq obus sont tombés aujourd’hui sur la ville, notamment rue des Arts. Une véritable panique s’est installée : on a d’abord cru à une bombe, puis, une fois la présence d’obus confirmée, c’est l’affolement qui a gagné la population. C’était une première pour les lillois.
D’après les officiers, les combats sont très violents du côté de Lomme, poussant de nombreux habitants à se réfugier à Lille. Le même mouvement se produit vers Carvin.
Ici, le combat reste terrible sur tout le front, surtout vers Messines et Hollebeke. Les obus tombent en nombre à Warneton, Houthem et Voorstraat. Le soir, les gros coups reviennent par intervalles : c’est saisissant, on n’aurait jamais imaginé vivre pareilles scènes.
Près d’Arras, des soldats français et allemands se sont rencontrés brièvement et ont échangé quelques objets dans la boue, un épisode que certains ont plus tard surnommé « la trêve de la boue ».
Début également des opérations de rembarquement des troupes alliées de Gallipoli.
