Nouveaux bombardements
Nuit presque blanche : les Allemands ont de nouveau bombardé, et chacun s’attend à la riposte.
Un obus est tombé dans le tir à l’arc de l’estaminet, à une quinzaine de mètres seulement de la brasserie Dumortier. L’explosion a creusé un cratère d’un mètre soixante de profondeur sur trois à quatre mètres de diamètre, renversant le mur du jardin sur une dizaine de mètres et projetant au loin briques, tuiles et branchages.
Un autre obus est tombé non loin de la place, soulevant les pavés jusque dans les jardins des maisons Wyseur et voisines. D’autres projectiles ont encore frappé : un chez Wyffels — pour la seconde fois —, un à la boulangerie Bourgeois, un rue Carnot, trois rue Gambetta, deux rue d’Hurlupin et un rue des Trois-Ballots.
Au total, quarante-sept obus sont tombés sur Comines.
On dénombre sept civils tués et trois blessés, dont Badar, employé au Crédit du Nord. Les blessés, grièvement atteints, sont évacués vers Tourcoing.
Dans la matinée, chacun parcourt la ville pour constater les dégâts, car on redoute un nouveau bombardement dans l’après-midi. À midi, les caves sont déjà pleines.
Vers 13h30, quatre obus tombent encore près de la gare, sans causer de grands dommages.
Vers 16h, plusieurs avions planent dans le ciel au-dessus de la gare; une demi-heure plus tard, deux bombes sont larguées sur la voie ferrée. La soirée reste ensuite calme, mais nul n’ose sortir : les rues sont désertes, et les rares personnes croisées au café ne parlent que des événements de la veille.
À l’heure des vêpres, le bombardement reprend. Quelques obus tombent derrière le presbytère. La cave de la sacristie, envahie par l’eau, ne peut plus servir d’abri.
Malgré tout, les messes restent très suivies : même sous les obus, les fidèles continuent de se rassembler.
