Monsieur von Faber à Comines
Beau temps lumineux.
À Warneton, un avion allié est contraint d’atterrir.
Vers 9 heures, Jean-Baptiste Delporte se rend à la commandanture avec Monsieur Duquesnoy, curé de Warneton. Ce dernier obtient de Monsieur von Faber un passeport pour Tournai. Il avait reçu l’appui de Monsieur le Prince de Loewenstein, cousin de notre reine, qui logeait chez Monsieur Louis Dumortier, rue du Fort. Ce prince, grand officier, assistait chaque jour à la messe dans notre chapelle. Son père, le prince de Loewenstein, était d’ailleurs devenu religieux dominicain à l’âge de 70 ans.
Le soir, Monsieur l’aumônier Reitz, installé depuis décembre au couvent entre les deux ponts, vient trouver Jean-Baptiste Delporte pour l’informer : Monseigneur Michael von Faber, évêque de Spire, célébrera la messe le lendemain dans notre chapelle. Le docteur Foohs avait tenté d’imposer une messe à 7 heures, à l’heure habituelle de la paroisse, mais Monsieur Reitz réussit à faire respecter la messe paroissiale à 6 heures, repoussant la messe de l’évêque après. Ce fut une démarche personnelle de Reitz.
Il est curieux que l’évêque agisse ainsi, sans égard aux usages canoniques. Sa Grandeur logeait alors à Comines-France. Peut-être croyait-il que Monsieur Foohs avait réglé les choses. En l’absence d’annonce officielle, Jean-Baptiste Delporte ne jugea pas nécessaire d’aller le saluer.
On raconte que Monseigneur visita l’église l’après-midi, sans émettre la moindre protestation contre la profanation par ses propres troupes.
L’évêque Dr. G. von Faber prononce un sermon sur la fidélité, sans faire allusion aux exactions en cours.
À Ypres, un obus allemand frappe le couvent de Notre-Dame, tuant sur le coup douze malheureux soldats indous.
Indian Army photograph – Public domain – Wikimedia Commons
En raison de l’avancée allemande facilitée par les gaz, Vlamertinghe passe à son tour sous le feu de l’artillerie ennemie. L’église, toute neuve comme celle de Comines-Belgique, est touchée, ainsi que plusieurs maisons.
À Hulluch, les Britanniques subissent une attaque au gaz. Ils déplorent 338 morts, mais les Allemands sont peut-être encore plus touchés : les nappes de gaz, poussées par le vent, reviennent vers leurs propres lignes.
Avant l’attaque, rats et souris avaient fui massivement les tranchées allemandes pour gagner les positions britanniques, sentant mieux que les hommes l’approche des gaz mortels. Même les pigeons messagers, trop sensibles aux émanations, étaient transportés dans des paniers spéciaux équipés de filtres.
Mort pour la patrie :
- VERSTRAETE Maurice, né à Ploegsteert le 2 septembre 1890. Caporal au 3eme régiment de Ligne. Tombé au champ d’honneur ce jour à 24 ans 7 mois. Inhumé à Hoogstade, dans le cimetière militaire belge, tombe n° 160.