Percées allemandes à Ypres

Beau temps clair sur le saillant d’Ypres, mais les nouvelles sont assombries par la violence des combats.

Les troupes allemandes lancent une série de percées tout au long du front, notamment dans la région d’Ypres. Les Alliés résistent tant bien que mal face à la pression ennemie. Les pertes sont lourdes de part et d’autre. Dans les villes d’Ypres et de Poperinge, on accueille en urgence des centaines de blessés ; des cellules hospitalières improvisées surgissent un peu partout, témoins du chaos et de l’urgence.

Les rumeurs courent que des bombes au gaz auraient été utilisées. Malheureusement, ces rumeurs se confirment. La 78e Division de Réserve française est frappée de plein fouet par les effluves mortels du chlore. Désemparée, elle est contrainte à une retraite précipitée. Ironie cruelle : les Allemands eux-mêmes, surpris par l’efficacité de leur nouvelle arme, ne sont pas en mesure d’exploiter leur avantage — leur cavalerie étant trop éloignée du front. Le terrain conquis reste ainsi fragilement tenu.

Les renforts alliés affluent rapidement vers les premières lignes, déterminés à repousser l’assaut. Les troupes canadiennes, en particulier, se distinguent par un courage exemplaire, tenant tête à l’ennemi malgré la terreur chimique.

Partout le long du front, les villes et villages en zone alliée subissent de violents bombardements. Les obus ne font pas de distinction : militaires et civils tombent sous le feu.

À Comines, l’agitation ne faiblit pas. À 23h30, Georg Lill accompagne son « Maître » vers le front, empruntant le chemin du Gappard. Le ciel, rougeoyant du côté de Messines, laisse deviner l’ampleur des combats en cours.

Captain Charles Bruce Bairnsfather (HU 113191) Captain Charles Bruce Bairnsfather. Unit: 1st Battalion, Warwickshire Regiment, attached to Intelligence Department. Death: Not known Copyright: © IWM. Original Source: http://www.iwm.org.uk/collections/item/object/205289949

Non loin de là, le caricaturiste britannique Bruce Bairnsfather, désormais célèbre dans la région, marche avec son régiment depuis Locre vers Ypres, en passant par Vlamertinghe. Il décrit une terre déserte, silencieuse, comme figée par l’angoisse. En chemin, il croise des soldats français marqués au fer rouge par le choc des tranchées. Nombre d’entre eux sont en état de « shellshock », les yeux perdus, les gestes incertains.

Pendant ce temps, Quesnoy est vidée de ses habitants. Pas moins de 1.700 personnes quittent le village, embarquées depuis la gare de Comines-Belgique, dans une migration imposée par la guerre, les larmes aux yeux et le cœur plein d’incertitude.

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Sources :

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